Enfin une mission, c’est ce que je m’étais dit lorsque l’on m’avait annoncé que je partais avec une collègue afin de rendre ce monde meilleur. Enfin ça… C’est ce que l’on nous apprend à l’école, je me fiche royalement de toute ça, je n’ai ni pitié ni réelles sentiments pour les gens. Si j’empêche la mort de quelqu’un, je suis satisfait, c’est que j’ai réussi ma mission. Si je ne me trouve pas en service, pas question que j’aide la veuve et l’orphelin, je n’ai pas été créé pour ça. Ma soudaine joie fut de courte durée lorsque je lu complétement l’ordre de mission. Allez chercher un tableau ? Creuser ? M’avait-il pris pour un restaurateur d’œuvre d’art ou bien pour un fonctionnaire du musée de Séoul ? Je ne pouvais pas la refuser, sinon mon taux de 100% de réussite en souffrirait mais pourtant, pour la première fois depuis que j’avais été promû, ce travail me laissait un gout amère dans la bouche.

Des risques ? Je n’y croyais pas trop, peut être deux ou trois coups de feu, pas de quoi réveiller les morts. Heureusement, PRINCESS avait eu l’idée de me coller un partenaire. D’habitude je déteste cela, pour cette fois, je vois plutôt cela comme une aubaine. Vous savez, ce genre de moments où vous restez au chaud dans la voiture quand l’autre bosse. Je n’étais pas un tir au flanc mais au vue du peu d’importance que j’accordais à cette mission, j’allais probablement le devenir pour ce soir et rien de tel qu’un petit remontant pour vous donner du courage.

Oh, loin de moi l’idée de boire une boisson énergisante, mes stimulants sont bien plus intéressants et pour cela, quoi de mieux que de la « purple haze », nom donné à l’ecstasy. Oh… rassurez-vous, je ne compte pas en prendre avant, seulement si je m’ennuie trop au cours de la soirée. On ne sait jamais, on est jamais à l’abri d’une bonne surprise. Je pris une douche rapide avant d’enfiler ma tenue de camouflage, un simple pantalon noir ainsi qu’une veste noir et un bonnet. J’avais eu la grande idée de me teindre les cheveux en blond, cachons cela s’il vous plait. Je pris alors un léger sac, assez long contenant mon arme de prédilection ou plutôt… Mon meilleur ami lors d’interrogatoire éventuel.

Je me dirigeais alors vers le lieu de rendez-vous, les mains dans les poches, pas forcément pressé d’avoir à jouer au bac à sable par une nuit si froide. C’est alors que je vis quelqu’un… une femme à ce qui me semblait. Etais-je maudis pour ne plus avoir le droit de faire de mission avec d’autres hommes ? Je ne savais pas trop pourquoi mais depuis l’histoire de la filature avec Dolly Army, le sexe opposé me met mal à l’aise. Quand soudainement, elle se retourna m’aboyant dessus. Je poussai un long soupir écoutant seulement d’une oreille ce qu’elle me disait. Ainsi, je jetai un œil sur mon Beretta et le laissa sur place avant de me rapprocher de ma collègue afin tout d’abord de voir de qui il s’agissait et surtout si elle semblait motivée pour jouer à la pelleteuse toute seule.

J’eu alors à peine eu le temps de m’approcher qu’elle me tendit les clefs de la voiture me demandant de conduire. Haussant les épaules je pris mon sac et le jeta sur la plage arrière avec mon arme et me mis au volant sans rien dire. Je démarrais en trombe comme j’en avais l’habitude. Le lieu se trouvait bien évidemment en dehors de la ville et il allait me falloir conduire une bonne heure avant d’arriver à destination. Moi ? Faire la conversation ? C’est alors que je remarquai le visage de ma partenaire. Kanon ? La fille que m’a mère adoptive essayait d’aider lorsqu’elle était au Japon ? Intéressant… Elle et moi avons tout un tas de points commun qu’elle ignore… Mais… J’avoue me demander si elle a changée depuis son entré dans l’ISS, cette missions risque d’être bien plus intéressant que prévue finalement. Je me décidais alors à prendre la parole, c’était assez exceptionnel pour être souligné.

« C’est parce qu’au Japon vous roulez à gauche que tu évites de prendre le volant ? »

J’esquissais un sourire, non pas de bonjour ou autre, juste une remarque quelque peu désobligeante ou plutôt une moquerie pas vraiment méchante. Jetant un œil sur la route, j’attendis sa réponse. Depuis que l’on roulait j’avais passé mon temps à la détailler. Elle n’avait pas vraiment le physique d’un assassin redouté mais les rapports de police sont formelle, cette fille est une artiste, elle sait rendre un corps meurtri digne d’un chef d’œuvre enfin… Les gens changent avec le temps.

« Tu te sens de passer ta nuit à creuser ? Qu’elle mission débile… »

Vous voyez que je peux être sociable. Bon je me force mais c’est plutôt un bon début non ?

Parfois je me demande vraiment pourquoi les gens passent leur temps à poser des questions. Ne peuvent-ils pas chercher au fond d’eux même les réponses ? Je crois que je n’ai jamais supporté cet assistanat perpétuel. Peut-être est-ce dut au fait que je n’aime pas passer du temps en compagnie des gens ou autre chose lié à mon enfance, je m’en fiche quelque peu et d’ailleurs je n’ai pas de raison d’y repenser. Au fur et à mesure que je passais du temps avec elle, c’est-à-dire, cinq bonnes minutes, je me demandais si je n’avais pas un peu surestimé la jeune fille. Dangereuse ? Elle l’était surement. Froide ? Peut-être de temps à autre mais rien à voir avec la description que j’avais lu la concernant, des années auparavant évoquant un certain sadisme et une addiction aux substances illicites ainsi qu’un symptôme que nous avions en commun : L’absence de reconnaissance du bien et du mal. Pour l’instant, elle me semblait être différente. Peut-être était-ce une ressemblance physique ? Un nom proche que j’aurais transformé avec le temps ? Ça ne pouvait pas être elle et pour en savoir plus, je m’essayai à une sorte de plaisanterie qui me valut seulement son silence. Pourtant, elle tenta de réagir comme si elle avait compris le message subliminal, me demandant comment je savais d’où elle venait. Bien décidé à ne pas lui révéler cette information, je poussais un long soupir.

« A cause de ton accent… »

Ben bien sûr.. Comme si la première fois que je l’avais rencontré, alors même qu’elle n’avait pas dit un mot, j’aurais pu savoir d’où elle venait. C’est surement ce qu’elle pensait à cet instant précis. Si elle voulait en savoir plus, il allait falloir qu’elle en découvre une partie d’elle-même. Bien évidemment ma réponse ne la satisfit pas puisqu’elle me demanda d’où nous nous connaissions. Une fois encore, long soupir…

« Parce que l’on ne se connait pas. »

La pour le coup, ce n’était pas faux, hormis des notes je n’avais jamais cherché à faire le rapprochement et encore moins à espionner ses moindres faits et gestes. Ce n’était pas vraiment ma façon de faire. Si on se rencontrait je pouvais l’aborder mais jamais je n’aurais été à sa rencontre sans raison valable peu importe ce que je sais la concernant. Ainsi, je me remis à me concentrer sur la route avant de faire une remarque concernant le fait que cette mission m’ennuyait. Je voulais voir sa réaction, si comme désormais je le pensais, elle avait perdu ce que j’appelle son « cavalier sombre », sorte d’entité qui nous pousse à aller au plus loin de notre noirceur comme si celle-ci devient au fur et à mesure la seule chose supportable pour des êtres comme nous. Je ne lisais pas dans son regard cette chose que je voyais chaque fois que je me regardais dans une glace et que je retrouvais fréquemment dans les pupilles de ceux que l’on me chargeait d’exécuter.

Pourtant, lorsqu’elle m’expliqua que je ne devais pas sous-estimer cette mission puis me parla de PRINCESS me montrant toute l’estime qu’elle avait pour notre directrice. J’éclatais alors de rire, pas vraiment du genre comique, plutôt… façon « mouahahahaha » comme les méchants chez Disney. J’avais vu juste… L’assassin était devenu un bon petit soldat… la copie conforme de tous ces cretins que je côtoyais à longueur de journée à l’ISS. Seulement le Dark Passenger ne meurt jamais totalement…

« Qu’est-ce que j’en ai foutre de PRINCESS ? C’est qui d’ailleurs en fait ? Une espionne dotée de capacités hors nomes ? Les russes aussi avaient leur symbole de l’ouvrier modèle à qui tout le monde voulait rassembler et qui n’a pourtant jamais existé. On nous lave l’esprit... »

Je la vis alors en train de démonter son arme comme pour passer le temps. Esquissant un nouveau sourire, je freinais brutalement envoyant l’intégralité des pièces du Berretta sur le le tapis de sol.

« Si je suis à l’ISS c’est uniquement parce que j’ai besoin d’eux, je ne serais jamais le bon petit soldat que tu es devenue. »

L’énerver ? Pas forcément. La faire réagir ? Oui ! D’autant que sans vraiment le dire j’avais fait une allusion au fait qu’elle n’était pas un bon petit soldat mais qu’elle l’était devenue. Cette soirée tranchait radicalement avec mon caractère habituel plutôt discret et silencieux. Je devais voir si elle était celle dont j’avais lu le rapport et rien de mieux pour cela que la colère…

J’avais du mal à me reconnaitre ce soir. Je savais de quoi cette fille était capable enfin de quoi elle avait été capable par le passé. Normalement, j’aurais gardé mon sabre au cas où peut être étais-ce pour cette raison que je m’étais arrangé pour que son arme se retrouve au sol et qu’elle ne puisse donc pas l’utiliser. C’est une possibilité, pas forcément la vérité mais je vous le laisse deviner. Kanon était plutôt compliquée mais très loin de la fille calme que j’avais rencontré par hasard au beau milieu d’un couloir. La colère était le meilleur moyen pour voir qui elle était vraiment et ce soir je comptais bien en abuser peu importe cette stupide mission. Je comptais bien évidemment la valider et retrouver ce tableau mais je me doutais que ce n’était pas ça qui me prendrait le plus de temps. J’avais enfin quelqu’un d’intéressant à mes côtés, une sorte de double, d’ami imaginaire qui finalement semblait avoir besoin d’un traitement de choc pour revenir ce qu’elle avait pu être.

Bien évidemment, elle ne me répondit pas lorsque je lui parlai de son accent ou du fait que nous ne nous connaissions pas. C’est bien, elle commençait à comprendre comment j’agissais. Qu’elle réfléchisse, c’était le meilleur moyen d’arriver à mes fins. Pourtant, je savais qu’il ne lui faudrait pas longtemps pour s’agacer de mon comportement et ce freinage soudain fut surement la goutte qui fit déborder le vase. Pour que celui-ci explose littéralement j’ajoutais une allusions au fait qu’elle était devenu un bon petit soldat, bien loin de ce qu’elle avait pu être par le passé. Elle comprit rapidement mon allusion et répétai simplement la phrase que je venais de terminer comme si à cet instant, elle avait cru à une erreur grammaticale ou autre. Pourtant je hochais la tête tout en continuant de conduire. Oui, elle avait bien entendu et je n’avais pas choisit ces mots par hasard.

A ce moment-là, mademoiselle se fit plus démonstrative en tentant de se justifier, me disant que comme je le lui avait expliqué, nous ne nous connaissions pas et qu’en conséquence je ne pouvais la juger sans connaitre son passé. Elle n’avait pas tort mais une fois encore, elle avait mal compris le sens de ma phrase. Je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup alors je prend toujours grand soin de bien choisir mes mots. Je poussais un nouveau soupire, celui-ci de lassitude et lui répondit calmement.

« J’ai dit que l’on ne se connaissait pas, cela ne veut pas dire que moi je ne te connais pas. »

Vous saisissez la nuance ? J’avais raison d’une certaine manière étant donné qu’elle et moi ne nous étions jamais rencontrés mais j’avais également raison dans le fait que son passé était loin d’être une énigme pour moi. La seule pièce manquante était la raison de sa venue à l’ISS et grâce à ce qu’elle ajouta ensuite, je le compris rapidement. Ainsi donc l’assassin avait perdu ? S’était-elle rebellée ? Avait-elle été trahie ? Peu importait la raison, apparemment l’ISS était devenu une nouvelle maison pour elle et ainsi, elle semblait s’être mise au service de ces gens-là. C’était hypothétique mais le raisonnement se tenait plutôt bien. Une fin tragique…sauvée et enfin…Les mots que j’attendais : « n’agis pas comme si tu savais tout. » Première règle de l’ISS bafouée, elle s’était mise en colère pendant une mission…

« Oh je ne sais pas tout mais contrairement à toi je sais qui tu es réellement, chose que tu as oublié. D’ailleurs tu avais un tatouage à l’époque ? C’est très à la mode dans ce milieu. »

Tout d’abord, la faire réfléchir, avec ma phrase précédente, elle comprendra que je ne joue pas aux devinettes. Le coup du tatouage étant bien évidemment pour enfoncer le clou. Cela dit, il ne fallait pas qu’elle relâche ses efforts, elle s’était enfin mise en colère, il fallait que cela continue… Je ne devais pas la laisser deviner mes intentions. Pourtant, j’esquissais un nouveau sourire comme pour voir si l’espace d’un instant elle pouvait perdre totalement son self contrôle.

« Devenir le larbin de l’ISS parce qu’ils t’ont sauvés… Pitoyable… Une vie de servitude est-elle réellement une vie qui mérite le coup d’être vécu ? »

Lâcher du leste pour rebondir. Je repris de nouveau, gardant mon calme.

« Tu peux jouer les espionnes parfaites au QG mais par pitié, en mission… sois juste toi-même, pas celle dont tu joues le rôle… »

Ou je voulais en venir ? Oh n’allez pas chercher trop loin, je voulais simplement la faire réfléchir et la tester un peu. Disons simplement que ça trompe l’ennui… Peut-être allait elle réagir, peut-être pas, au moins j’aurais essayé. Disons que pour l’instant je ne cherche qu’un signe encourageant, si il ne vient pas alors je la laisserai gâcher sa vie…

Ma mère adoptive me disait très souvent de ne pas passer mes journées tout seul, que j’avais surement besoin d’un ami. A l’époque je ne comprenais pas vraiment ce qu’elle voulait me signifier. Je ne pensais pas ressentir l’envie de côtoyer des gens, c’est toujours le cas à présent mais je me rends compte petit à petit que j’ai certainement eu tort ou plutôt que je n’avais jamais trouvé la personne qui serait la mieux à même de me prendre. C’est lorsque je suis tombé sur le dossier de Kanon que quelque chose à changer. Sur le coup je ne l’ai pas réalisé immédiatement mais je prenais plaisir à le lire, à m’imaginer comment cette jeune fille pouvait être, si elle agissait comme moi, si nous pensions de la même façon. J’aurais tellement voulu la rencontrer et partager tant de choses avec elle. A tes point que je l’ai surement idéalisé, c’est comme si je m’en étais fait une amie imaginaire, une sorte de personne qui pouvait me comprendre mais que je n’avais pas la chance d’avoir à mes côtés. Est-ce donc pour cela que j’essaye de la faire redevenir elle-même ? Elémentaire mon cher Watson… Et étrangement, je viens tout juste de m’en rendre et je m’explique d’un coup mon attitude…

Pourtant, les choses avançaient bien plus vite que je ne me l’imaginais. Distiller quelques informations était le meilleur moyen d’en obtenir de nouvelle et surtout de me permettre de me rendre compte de ce que je voulais savoir : Oui je ne m’étais pas trompé, elle était bien celle que je cherchais. Elle avait donc admis ses crimes sans même que j’ai à lui en parler. Bien évidemment, elle ne l’avait pas dit comme cela, mais cela sonnait comme un aveu. Certes, PRINCESS avait dû s’arranger pour détruire les rapports de police mais elle avait oublié un détail… Le plus important… Et pour une fois, j’allais enfin rendre la monnaie de sa pièce à cette femme imaginaire que je n’avais jamais vraiment appréciée pour diverses raisons.

« Rendu public probablement pas, tu as raison... Mais privé… qui sait ? »

Et oui, les notes que prenaient ma mère adoptive n’avait rien d’officiel et faisait bien évidemment partit du domaine du privé. Je ne comptais pas spécialement le lui dire, disons que je tentais de l’aiguiller quelque peu. Et c’est alors, tandis que je pensais qu’on était enfin sur la même longueur d’onde que la jeune femme cru comprendre comment j’en étais venu à cette conclusion. La marque du laser… Sur son cou… Mouais… Sur le coup, j’avais envie de lui mettre une baffe pour l’aider à réfléchir un peu mieux…

« Une cicatrice qui pourrait être tout aussi bien causée par un accident de la vie voir une mission. Et c’est grâce à cela que j’aurais pu deviner tout cela ? Tu me surestimes… »

Et oui, j’aimais bien me jeter des fleurs un peu, surtout pour souligner la stupidité de son propos. Je savais qu’elle n’y croyait pas vraiment elle-même, Kanon se donnait surement une excuse pour s’imaginer que je me basais uniquement sur des suppositions. C’est suite à cela et parce que je continuai à la pousser à bout, la traitant de « larbin » qu’elle m’avoua cette fois la triste vérité. Alors comme cela elle avait été obligée à se prostituer ? Mine de rien, cela me rappelait ma mission avec Dolly Army qui pour une mission aurait été capable de coucher avec n’importe qui pour ne pas griller sa couverture. Devais-je la prendre en pitié ? Impossible, j’ignorais la signification réelle de ce mot et encore moins ce sentiment.

« Une réflexion de faible… Une prison pour une autre prison… Tu ne cherches pas le meilleur pour toi, tu cherches à éviter le pire. Mais si le problème c’était tout simplement toi ? Ne me fais pas croire que tu ne pouvais pas quitter ceux qui te prostituaient. Tu es resté parce que tu avais peur de te retrouver seule et aujourd’hui tu fais le larbin pour les mêmes raisons… Tu es tellement pathétique… »

Oui… Je vous avais prévenu, je fais rarement dans la dentelle. Une personne normale se serait surement excusée suite à cette révélation, pas moi. Pour la première fois de la soirée, je la jugeais et je savais que cela ne lui plairait pas. Cette fois ci je ne cherchais pas à l’énerver ou à la provoquer. Simplement à la faire réfléchir. Elle avait murmuré avant cela qu’elle avait fait du mal. Ainsi, elle le regrettait… Je n’y croyais pas une seule seconde.

« Tu as fait du mal ? Très certainement. Mais lorsque tu tenais ton arme pointé contre la tempe d’un type, ne me dis pas que tu ne ressentais pas de plaisir. Je peux l’imaginer… Cela devait être le seul moment où tu prenais une décision par toi-même. C’était comment au moment de presser la gâchette ? Jouissif ? Intéressant ? Amusant ? As-tu eu des regrets juste après avoir tué quelqu’un ou est-ce parce que l’ISS t’as appris que c’était quelque chose de mal que maintenant tu t’en veux d’avoir fait ça ? »

Des paroles dur, peut être exagéré mais provenant du cœur, pire c’était mon ressentit personnel. Je n’avais aucun regret ou autre à ôter la vie si à mes yeux la situation le nécessitait. Nous venions d’un milieu diffèrent et je n’avais pas eu le même passé qu’elle mais nous nous ressemblions trop pour que je sois dans l’erreur. Peut-être est-ce que je me trompe ? Qui sait…

Kanon… Petite fille perdue et incroyablement compliquée. Cela ferait probablement un très bon titre de roman mais là n’était pas vraiment la question. Allais-je devoir me découvrir pour lui faire comprendre ou je veux en venir ? Ceci était bien plus intéressant et valait le coup d’être posé.  Le temps était mon allié et en tant que conducteur, je pouvais très bien rallonger le chemin si je jugeais que la situation n’évoluait pas comme je le voulais. Pourtant, il y avait quelques petits indices qui semblaient me démontrer que tout ce que je faisais n’avait finalement pas été aussi inutile qu’il n’y paraissait.

La jeune femme était prête à parler, je le sentais, il ne manquait plus que quelques ingrédients pour rassemblant les pièces manquante à ce puzzle que j’avais établis des années auparavant. Je m’étais montré froid, insensible, presque sadique lorsque j’avais évoqué sa faiblesse, son besoin de ne plus se sentir seule, le payant au prix de sa liberté. Etrangement, elle m’avoua que j’avais raison et que son besoin d’appartenir à un groupe était comme vitale. Bien évidemment, moins je parlais, plus elle se livrait à moi. C’était un très bon début. Accepter la vérité et surtout, me parler de ce sentiment d’abandon, de ce volonté de se sentir comme protégée, allant même jusqu’à me demander si c’était mal. Appriori il n’y avait aucune réponse à donner, sa question semblait plus ressembler à une sorte de fanfaronnade voir d’une excuse pitoyable pour expliquer ses faits et gestes.

« Je n’ai pas à te dire si c’est bien ou mal, tu connais toi-même la réponse. Par deux fois tu as rejoint des hommes et des femmes et par deux fois, ils t’ont utilisé à leurs propres fins. Je pense que cela répond à ta question. »

Elle avait conscience des raisons qui la poussaient à jouer les bons petits soldats mais pas de l’erreur qu’elle faisait, c’était donc le prochain sujet qu’il nous faudrait aborder. Jusque-là, j’avais été très évasif en particulier sur moi, il était temps de me livrer et lui montrer qu’elle pouvait me faire confiance. Pourtant, elle sembla de nouveau fanfaronner lorsqu’elle mit le doigt sur l’une de mes sois-distantes erreurs. Elle réagissait ainsi à cause de l’émotion sans même se douter que je l’avais fait exprès pour l’obliger à se justifier. Ainsi la pitié ne faisais pas non plus parti de son répertoire, elle n’avait pas peur de la mort et avait même osée parler d’indifférence ce qui est un bien grand mot. Cela dit, quelque chose avait changé et c’était cela qui l’empêchait de redevenir celle qu’elle était : « une certaine gentillesse » ou plutôt un sens de la solidarité. Je n’arrivais pas vraiment à mettre un mot sur ce sentiment car je ne le connaissais pas et ne l’avait jamais non plus ressentit.

«  Tu te cherches des excuses pour expliquer ta faiblesse… Tu te fiches de tuer mais tu t’intéresses aux destins de certains gamins ? Peut-être que tu t’identifies à eux mais… Chacun porte sa croix, ils n’ont pas forcément une façon de penser comme la tienne ni ce besoin de compagnie.  En même temps, la prostitution, ça devait te plaire, au moins tu n’étais jamais seule…  Je suppose donc que comme tu l’as dit, tu n’as aucun remord. »

J’avais été très loin cette fois, peut-être même un peu trop. Evoquer ainsi son passé et le placer comme une lubie alors qu’elle semblait avoir souffert était le meilleur moyen de me retrouver avec une balle entre les deux yeux. C’est ce que je voulais… pas forcement qu’elle me tue mais surtout, qu’elle réagisse, que sa haine prenne possession d’elle au point qu’elle ne puisse plus la contrôler. Pourtant, j’allais répondre à sa fameuse question. Avais-je déjà tué ? non… C’était dit d’une autre façon, comme si elle se doutait de ma réponse. C’était le bon moment pour enfin m’ouvrir à elle. Je la fixais alors, lâchant un instant la route du regard.

« Tu connais la réponse à cette question et je n’ai pas honte de t’avouer que c’est quelque chose que j’apprécie. Sentir sa lame glisser le long de la jugulaire d’un homme condamné, cherchant à implorer votre pitié… Il n’y a rien de tel pour apprécier l’instant présent. »

Je lui avouais cela, peut être me prendrait-elle pour un dingue ou bien cela lui rappellerait des souvenirs voir même des impressions communes. Je ne comptais pas m’arrêter là, j’esquissais un nouveau sourire avant de ralentir jusqu’à garer la voiture sur le bas-côté et la regarder cette fois dans les yeux, un regard plus sombre que jamais naissait dans mon regard alors que je posais ma main sur son épaule.

« Te souviens-tu de la première fois que tu as ôté de la vie ? Cet instant fugace ou tout s’arrête. Un silence étourdissant ponctué par un ultime cri, une giclée d’un liquide rougeâtre qui s’éveillent et pointe vers le ciel pour retomber l’instant d’après, imprégnant le sol de milliers de petites goutes d’un rouge immaculé. »

Etrangement, j’avais dit ça d’une manière qui ressemblait presque à de l’érotisme comme si tuer était au final une sorte d’excitation. Je devais maintenant savoir s’il en était de même pour elle. Pour cela, je n’avais qu’à regarder, il me suffirait simplement de sentir en elle un léger tremblement voir des picotements pour le savoir. Et oui… Si j’avais posé ma main sur son épaule ce n’était pour rien d’autre que cela.

C’était la première fois je crois que j’appréciais autant prendre un coup. On était loin de ce qu’elle avait pu faire par le passé mais c’était un bon début. A vrais dire, je n’avais pas vraiment l’habitude de me prendre des baffes et en particulière provenant de la gente féminine mais disons qu’il fallait bien un début à tout. Je savais bien que parler avec autant de légèreté de la période la plus humiliante de son histoire ne serait pas sans conséquence. Disons simplement que je l’avais cherché et mine de rien, elle avait de la force car mon visage avait failli se cogner contre la vitre de la voiture. Pourtant, je ne comptais pas le la lui rendre. Ce n’était pas une question de ne pas taper les femmes ou autres, tout ce genre de cérémonial et autres meurs publics m’ennuyaient. Non… C’était parce que pour la première fois depuis des années, elle avait laissé sa colère s’exprimer.

La phrase qu’elle prononça suite à cela était du même acabit, j’y percevais tout de même une certaine rancœur, peut-être même de la déception à mon égard. Les raisons pour lesquelles elles s’étaient prostitués ne m’étaient pas connu mais ne m’intéressait pas vraiment. Qu’une assassin de son niveau se laisse à ce point aller c’est qu’elle n’avait pas eu le choix et lorsque ce genre de choses se produisaient cela signifiait soit que c’était pour protéger quelqu’un soit pour trouver des réponses. C’était amusant de la voir ainsi et j’avais envie de voir si elle me faisait confiance. Etrange je le sais vu ce que je viens de lui dire mais disons que j’ai un côté masochiste qui me force à aimer me prendre des baffes.

« Peut-être suis-je capable de le comprendre, à moins que cette sois disant excuse secrète ne sois qu’une invention de ta part ? »

La provoquer, encore et toujours. Je risquais gros à jouer à ce petit jeu-là. Tout d’abord elle pourrait le répéter à un supérieur et me détester pour le restant de sa vie chose qui n’était pas vraiment ce que je souhaitais, bien au contraire. Je voulais une amie, je voulais Kanon, elle était la seule à pouvoir me comprendre mais pas comme ça… Elle avait trop changée, elle devait redevenir celle qu’elle était pour que l’on puisse se rapprocher. C’était purement égoïste… Oui… Mais il y avait aussi le fait que je ne supportais pas les gens qui jouaient un rôle d’autant que j’avais l’impression que la jeune fille gâchait ses capacités.

J’arrêtais alors la voiture pour poser ma main sur son épaule, geste qui ne lui avait pas plus, je pouvais aisément en deviner les raisons. Pourtant, bien que n’ayant désormais plus vraiment son affection, je lui parla de la première fois, de cet instant qu’elle avait vécu comme moi. Ma première surprise, plutôt mauvaise dans ce cas était le fait que ce souvenir ne semblait pas vraiment animer en elle cette frénésie dont j’avais fait preuve tout à l’heure. Cela dit, lorsqu’elle parla de longue liste, je fut surpris d’un tel aveux. Elle ne me connaissait pas, je pouvais très bien tout répéter. Avions-nous établis malgré nous une sorte de relation de confiance ? Difficile à dire… Pourtant, lorsqu’elle me parla de la vie et de la mort, je sentit une sorte de désespoir en elle, quelque chose de bien plus sombre que ce à quoi je m’attendais. Pourtant, lorsqu’elle enleva ma main pour me demander de reprendre ma conduite, je compris que la brèche était bel et bien en train de s’ouvrir lentement mais surement. Je hochais la tête, redémarra et repris la route. Nous n’allions pas tarder à arriver et je ne voulais pas que cette mission ne l’empêche de réfléchir à ce qu’elle était elle-même. Ainsi, j’opta désormais pour une autre stratégie.

« Ma mère adoptive était flic, à cette époque, je passais mon temps à lire ses notes, n’ayant aucun ami pouvant me comprendre. Un jour je suis tombé sur des notes te concernant. Oh j’étais jeune mais j’ai rapidement sentit que nous nous ressemblions, je voyais en toi quelqu’un capable de partager certaines choses. J’espérais te rencontrer mais notre rencontre a été trop tardive. Si nous nous étions vu à cette époque, tu n’aurais pas eu à jouer les larbins car j’aurais été là pour toi. »

Cela sonnait comme une révélation et bien que tout cela soit véridique, j’avais choisi expressément ce moment pour lui en parler. Elle avait ouvert une brèche, je voulais voir si elle me laisserait l’accompagner dans celle-ci. Ainsi, je murmura tout doucement, tout en soupirant longuement.

« Malheureusement nous n’avons rien en commun, je me suis fait des idées, pardonnes moi de m’être montré quelque peu… taciturne. »

Moi ? M’excuser ? Oui, je voulais essayer cette technique, lui montrer que je pouvais être là pour elle, pour Kanon et non pour un petit soldat… A elle de faire son choix.

Elle m’avait dit que je ne pouvais probablement pas comprendre pourtant, une fois encore, elle s’était trompée. Je n’étais pas spécialement au courant de ce détail qui ne figurait dans aucun des rapports de ma mère adoptive. J’étais un peu surpris mais surtout rassuré. Ce n’était que ça… Une simple addiction aux conséquences terribles. Du coup, je compris immédiatement ce qu’avait fait pour elle l’ISS. Elle disait qu’ils lui avaient sauvés la vie ? Ils n’avaient probablement fait que la mettre en cure de désintoxication. C’était à cause cela qu’elle avait changée ? Probablement pas. Je pense plutôt au bourrage de crâne répété et au fait que notre agence tente de lui rappeler à chaque fois que sans eux, elle ferait encore le trottoir. Je n’étais sûr de rien, je me contentais de faire des suppositions. La conversation devenait intéressante. Je savais qu’elle se méfiait, c’était logique après tout, c’est ce que l’on apprenait en formation mais mine de rien, elle commençait à se livrer un pas après l’autre.

« Alors je te comprend. »

Quelques mots, une simple phrase qui pourtant voulait tout dire et surtout lui expliquer que je connaissais les effets des drogues, voir lui faire attendre que j’en avais déjà consommé voir en prenais toujours. Je ne voulais pas rentrer dans les détails mais je compris que la drogue pouvait lui permettre d’effectuer un violent retour en arrière. Cela m’étonnerait qu’entre deux phrases, elle n’accepte l’un des comprimés que j’avais dans la poche. C’était encore trop tôt, beaucoup trop tôt. Pourtant, je tentais de la mettre en confiance en lui expliquant les raisons pour lesquelles je la connaissais et mon impatience à enfin la rencontrer. Pourtant, je tentais de lui expliquer que ce qui était encore possible il y a quelques temps ne l’était plus maintenant car elle s’était éloignée de ce qu’elle était vraiment.

Elle parut surprise de cette révélation. Apparemment elle savait très bien de qui je voulais parler. Je ne souhaitais pas lui demander comment elles se connaissaient et la nature de leurs relations. C’était peut-être « humain » de vouloir en savoir plus sur ma mère adoptive mais non… Je m’en fichais un peu. Cette femme m’avait beaucoup aidé, je ressentais pour elle de la gratitude mais pas d’amour ou quoi que ce soit du même genre. Pourtant, je hochais la tête avant de froncer les sourcilles.

« Ma mère adoptive, mes parents sont décédés lorsque j’avais quatre ans. »

Je ne savais pas trop pourquoi je lui parlais de moi, peut-être pour lui montrer que nous nous ressemblions sur de nombreux points. Pourtant, lorsque je m’excusais pour tenter de faire retomber la tension, elle eut une réaction des plus étranges. Que venait-elle de dire ? Que j’avais peut être raison ? C’était vraiment un bon début si elle se rendait compte de certaines choses. Il lui en fallait beaucoup plus pour m’en vouloir ? Woaw… Elle m’avait quand même mis une baffe, je n’osais imaginer ce qu’elle faisait aux gens qui lui faisait du mal. Je n’étais pas doué au niveau des relations sociales mais je savais la signification d’une baffe.

« Alors devrais-je comprendre que tu comprends que je n’ai pas dit toutes ces choses sans raison ? »

S’excuser ? Pour la baffe ? Ah oui, je l’avais presque déjà oublié. Elle avait raison de ne pas vouloir me dire qu’elle avait abusée. Après tout, celle-là, je l’avais clairement cherché. J’esquissais un sourire en y repensant. Elle ne devait pas avoir de regret, tout était logique, comme si elle commençait à changer peu à peu et à reprendre ses anciennes habitudes.

« Je ne t’ai pas demandé de t’excuser, tu avais tes raisons, ça m’a montré que lorsque tu es énervée, tu peux réagir, j’étais content de me faire baffer finalement, ça voulait dire que le petit soldat avait enfin décidé de ne plus agir ainsi. »

Elle changea alors de sujet. Ah oui la mission… J’avais presque oublié pourquoi nous étions dans cette voiture. Je fronçais de nouveau les sourcilles. L’aider à creuser ? Je n’étais pas une pelleteuse !!! Je me tournai vers elle, assez surpris.

« Il n’en est pas question, tu creuseras toute seule ! »

Non mais oh ! J’étais un espion, pas un chercheur de trésor ! Pourtant, j’eu finalement une idée.

« Mais si tu veux que je t’aide… Alors après la mission, on sort boire un verre ! C’est ma condition ! »

Moi ? Sortir ? Boire un verre ? Etre avec du monde ? Ce n’était pas du tout mon délire mais j’avais envie de faire ce genre de chose avec cette personne que je considérais comme mon double féminin… Après tout, peut être pourrais-je la faire changer et peut être, pouvoir lui poser quelques questions sur certaines choses que je ne maitrisais pas….

La confiance… C’est une notion étrange, ma mère adoptive disait toujours qu’il s’agissait de quelque chose très difficile à gagner mais également très simple à perdre. J’avais du mal à comprendre comment on pouvait faire confiance à quelqu’un… C’était dangereux. Cette personne, en cas de dispute pouvait aisément vous poignarder dans le dos alors… Pourquoi prendre tant de risques pour si peu d’avantages ? Jusqu’à présent, j’avais toujours vécu avec cette pensée mais depuis que j’avais su que Kanon, la fille dont je passais mon temps à lire le pédigrée était également à l’ISS ? J’avais changé de point de vue avant de me rendre finalement compte ce soir qu’elle n’était pas celle que je pensais. Lorsque je m’en étais rendu compte, j’avais d’abord pensé à finir ma mission pour ne plus jamais repenser à cette idée saugrenue. Malheureusement pour elle, la curiosité l’avait emporté et j’étais en train de tout faire pour réveiller son côté sombre. C’était surement très égoïste mais j’avais pourtant l’impression de faire ça également pour elle, comme si être un soldat ne pouvait être bon pour elle.

Pourtant, nous en étions désormais à parler de nos vies respectives. Je venais de lui expliquer la vérité sur notre rencontre, sur le fait que j’avais adopté et que j’avais vécu avec une femme flic sans bénéficier du soutien et de l’amour d’une vraie famille. Je la fixais un instant, assez surpris qu’elle en soit à me poser des questions alors que dix minutes avant, elle avait pour seule réaction, de m’envoyer une claque en plein visage.

« C’est exact, c’est elle qui m’a retrouvée lors du décès de mes parents. »

Je n’allais pas spécialement entrer dans les détails et lui dire qu’elle m’avait trouvée baignant dans le sang de mon père et de ma mère dans un container fermé de l’intérieur. Je voulais bien lui avouer deux ou trois choses mais il était hors de question qu’elle en sache trop pour le moment. Pourtant, elle venait de comprendre mon petit jeu et semblait vouloir savoir si je jouais avec elle ou non. Elle était peut-être un peu naïve, elle était loin d’être bête. Je la fixais un instant, esquissant un sourire.

« Je veux que tu brises tes chaines, ça m’agace de voir qu’une femme avec de tels qualités puissent obéir au doigt et à l’œil à ceux qui lui ont apposés la marque des esclaves. »

C’était plutôt sincère, j’avais évité d’ajouter que elle et moi nous ressemblions trop pour qu’elle reste la gentille et naïve Kanon qu’elle était devenue mais je préférais garder ça pour plus tard, quand elle aura changé réellement. C’est alors qu’elle déclara que j’étais un type bizarre tout en rigolant. Je ne savais pas vraiment si je devais bien le prendre mais mine de rien, elle semblait m’apprécier malgré tout ce que j’avais pu dire par le passé. Pourtant, elle commençait quelque peu à se rebeller.

« J’arrêterai de t’appeler petit soldat quand tu ne le seras plus. »

Pourtant, lorsqu’elle me reparla de la mission, je décidais finalement de lui faire une proposition si jamais elle cherchait mon aide, il était hors de question que je creuse sans obtenir autre chose en échange. Aller boire un verre avec elle ailleurs ? Oui c’était une idée qui avait fait son petit bonhomme de chemin dans ma tête. Je n’étais pas spécialement très doué pour comprendre la vie sociale mais j’avais vraiment envie de passer du temps hors mission avec elle. Elle accepta à ma plus grande surprise me demandant si j’avais un plan pour quitter l’ISS sans se faire voir. Effectivement, il allait falloir que l’on se change si l’on voulait entrer dans ce genre de lieu.

« Nous sommes des espions, rien n’est impossible pour nous. Mais oui j’ai ma petite idée, à moins que mettre des talons ne t’empêche de courir ? »

J’avais beau ne rien y connaitre, j’avais remarqué que les femmes portaient toutes ce genre de chaussures quand elles allaient s’amuser, du coup, on avait l’impression que je parlais de quelque chose que je connaissais alors qu’en réalité : pas du tout. Pourtant, elle me rappela qu’avant cela, on allait devoir jouer au pirate cherchant son trésor. Mince… Pourquoi une mission me semble si ennuyeuse alors qu’elles ont toujours été mon unique raison de vivre par le passé ? J’esquissais un sourire.

« Kanon peut se montrer violente ? Woaw, j’ai hâte de voir ça ! »

Nous arrivions mine de rien non loin du lieu qu’elle m’avait indiqué. Je me garai alors sur le côté avant de la fixer dans les yeux.

« Alors ? On doit creuser ou ? Parce que pour le côté dangereux… Il n’y a pas l’air d’y avoir à grand monde à cette heure-ci. »

En même temps si ce tableau avait une si grande valeur, ses gardiens ne risquaient pas de se montrer facilement. Uniquement si l’on s’approchait trop près. Je pris alors mon sabre avant de récupérer le Beretta et attendis qu’elle soit prête pour y aller.

Les émotions que l’on ressent en mission sont toujours intenses, on ne réfléchis pas, on se contente de vivre l’instant présent, de sentir l’adrénaline en nous et de se rendre compte de tout cela à tête reposée. J’aime les missions pour tout cela mais étrangement ce soir, je n’ai pas spécialement envie d’y aller. Est-ce parce que celle-ci ne semble pas passionnante ou parce que j’ai encore envie de discuter avec elle ? Je ne saurais vraiment le dire. Pourtant, j’avais fait de mon mieux pour rallonger le sujet mais au bout d’un moment, je ne pouvais pas vraiment faire demi-tour, ça serait clairement grillé et ce n’est pas le but. Ainsi, lorsque nous approchâmes du lieu où il allait nous falloir creuser, je lui parlais des raisons qui m’avaient poussées à la bousculer quelque peu. Ma réponse semblait la perturber quelque peu étant donné qu’elle me demanda de quelles qualités je parlais…

Elle ne comprenait rien ou elle le faisait exprès ? On aurait dit moi quand on me parle de relations charnelles à penser qu’une femme qui se déshabille devant moi, cherche juste à me prouver qu’elle ne porte pas de micro… Dans un bar à strip tease qui plus est… Ne cherchez pas, je crois que l’on se ressemble dans notre naïveté mais heureusement pas dans les mêmes sujets. J’avais l’impression qu’elle était un peu prête à faire confiance à quelqu’un à partir du moment où cette personne se rapprochait d’elle et cherchait à la comprendre. Peut-être des séquelles de ce dont nous avions parlés tout à l’heure : L’importance de faire partie d’un groupe. Quand elle m’avoua ne pas être douée dans les relations humaines, j’esquissais un sourire.

« Tes qualités ? Tu en as un paquet, tu les découvriras par toi-même et saches que cette absence de connaissance en relations sociales en est une car je suis pareil. Quoique… Je crois que je me débrouille mieux que toi-même si tu as des connaissances sur certains domaines pour lesquels je reste un débutant. »

Oui… Si elle avait dû se prostituer elle devait mieux connaitre ce sujet que moi, d’une certaine manière c’était purement logique. Si elle me demandait de quoi je parlais ? Pas question de lui répondre ! J’en ai un peu marre de me taper la honte. Je décidais donc de changer de sujet et de lui parler du fait qu’elle devrait probablement courir. Elle me répondit sur un ton de défi du genre « tu vas voir ce que tu vas voir mon gars ! » Pourtant je ne dis rien, elle revint à la charge en me parlant de ses qualités en tir longue distance. Réveiller son côté sombre aurait été une bonne idée…mais après la mission parce que là, je risque de me prendre une balle perdu… Je haussais les épaules.

« Ne me tourne pas le dos, au cas où j’aurais envie de jouer les apprentis tatoueurs. »

Oui je sais que je n’ai pas d’encre mais je peux toujours lui faire des scarifications avec mon sabre, c’est la mode d’après ce que j’ai vu sur internet. Bref… Il allait falloir nous occuper de cette mission. Je me contentais alors de suivre Kanon après tout, c’était elle qui avait la carte. Elle me parlait comme à un gosse. Vraiment, je ne sais pas ce qui me retient…

« Et si je veux faire une pause pipi je dois te prévenir ? »

Non mais oh ! Je n’étais pas un imbécile non plus. Plus nous marchions et plus j’avais l’impression de me retrouver dans « rendez-vous en terre inconnue » C’était ultra ennuyeux quand soudainement, elle s’arrêta. On était enfin arrivé ? Pour la première fois depuis le début de la mission, je me concentrais et cherchais du regard toute trace de vie. Rien… Absolument rien…

« Bon… Qui fait diversion ? »

Un qui fonce dans le tas et l’autre qui creuse c’est pas une mauvaise idée non ? Feignasse un jour…

Une mission c’est quelque chose d’important ! Pourtant, j’avais du mal à me concentrer sur celle que l’on nous avait donné. J’essayais de me retirer Kanon de la tête et tenta de repenser à ce que j’avais lu sur le panneau tout en n’ayant pas lu la carte qu’elle avait préféré garder pour elle. Pourtant, j’étais toujours dans cette voiture à discuter avec la jeune fille de ses qualités et de ses défauts. Moi ? J’étais drôle ? Etrange ? Je ne le savais pas moi-même. Peut-être que j’avais dit quelque chose qu’il ne fallait pas. A mes yeux, c’était effectivement une qualité, mais apparemment, je devais être le seul à penser ainsi. J’avais également besoin aussi d’étudier en plus ce que les humains appelaient : La normalité. Je la fixais un instant.

« Pour moi c’est une qualité, il y a tellement de gens qui parlent pour ne rien dire que ça me fatigue. Au moins toi quand tu ouvres la bouche ce n’est pas pour dire une bêtise… »

Ah ça… C’était cash ! Au moins elle pouvait comprendre que si j’aimais ça c’était que j’étais un peu pareil. J’aurais voulu être une petite souris pour savoir exactement à quoi elle pensait à cet instant précis mais malheureusement, même si je pouvais l’être, je n’aurais pas eu le temps étant donné que nous étions déjà arrivés au lieu de notre mission. Lorsque j’ouvris la portière, elle s’essaya à une tentative d’humour auquel je lui répondis. Malheureusement elle comme moi, avions un humour assez limité… Je pris alors mon arme et la suivit avant de me prendre toute une série de remontrance. J’avais vraiment l’impression d’être avec un maitre Jedi et de jouer le rôle du padawan inexpérimenté. Je lui demandais alors si je devais demander l’autorisation d’aller faire pipi. Je n’avais pas aller plus loin dans mes blagues du genre « si j’ai envie, va falloir que tu ma tienne ? » C’était un peu choquant enfin selon mes critères. Je n’étais pas un mouton ni un homme du peuple, je me sentirais mal de faire ce genre de blague…

Pourtant, je fus vite rappelé par ma mission quand elle me demandait de regarder « là-bas ». Effectivement, je vis une ombre étrange qui ne semblait pas ressembler à un animal ou à quelque chose qui y ressemblait. Je plissais alors les yeux avant qu’elle ne me parle de l’évidence même : Un garde. Oui, j’avais bien compris, pourtant, je ne répondis pas, préférant observer celui qui semblait protéger ce fameux tableau. Je la vis sortir son arme avant de se raviser. Avait-elle compris qu’elle risquait de rameuter tout le monde ? Woaw, j’avais vraiment une lumière avec moi…

« Les armes à feu c’est tellement… Brutal… je m’en occupe. »

Je reculais d’un pas avant de longer les sous-bois, contournant l’individu, faisant attention aux endroits auquel je marchais. Soudainement, j’avais retrouvé cette concentration qui m’avait fait défaut jusque-là. Je sortis doucement mon sabre de son fourreau ne faisant pas le moindre bruit. Une fois arrivé non loin de l’individu, je l’observais. Il semblait avoir une trentaine d’année, sa carrure semblait montrer qu’il avait l’habitude du corps à corps et qu’à cause de cela, il me faudrait agir vite. Esquissant un discret sourire je me glissais sans bruit derrière à lui avant de passer son arme devant lui. La voyant, il se retourna. Malheureusement pour lui, durant ces quelques secondes, je venais de lui trancher la jugulaire et un flot important de sang commença à se rependre sur le sol. Je savais qu’à cause de cela, il serait incapable de crier. Il mourrait dans moins de trente secondes, l’artère était sectionnée et il n’avait désormais plus qu’à se vider de son sang. Je me baissais alors avant de faire signe à Kanon que désormais… La voie était libre.

J’avais l’impression soudainement que cette impression m’avait manqué et que finalement, c’était comme si c’était hier. J’avais en même temps l’impression que tout ceci m’avait manquée et qu’au final, même une discussion à bâton rompu comme ça avait été le cas avec Kanon, ne remplaçait pas ce moment d’extase ou je prenais une vie. Il n’avait même pas eu le temps de s’en rendre compte, il avait du perdre conscience simplement lorsqu’il avait croisé mon regard, dernière qu’il verra de sa misérable vie. Pourtant, une fois le geste accomplis et parce que mes yeux c’étaient bien habitué à la nuit, je me mis à fixer Kanon. Je ne savais pas pourquoi mais j’avais l’impression qu’elle se délectait de cette scène, comme si finalement, après tout ce que je lui avait dit, elle se disait intérieurement que ce n’était pas si mal. Etrangement, j’aurais voulu être à sa place et elle à la mienne, simplement pour savoir ce que j’aurais ressenti en voyant ma camarade, mon amie imaginaire agir de manière naturelle, de la voir enfin à l’œuvre.

Pourtant, je lui fit simplement signe, l’ennemis était neutralisé et désormais nous avions le champ libre pour accomplir notre mission. Je savais bien que PRINCESS n’était pas une grande fan de mes méthodes mais au moins, cela permettait de s’éviter à jouer au jeu du chat et de la souris avec ces voleurs. Pourtant, Kanon se rapprocha sans même jeter un œil au cadavre. Je la comprenais, seul l’instant ou la vie disparaissait avait un intérêt. Le reste n’était que broutille. Elle m’annonça qu’elle allait se rapprocher, munie du détecteur, j’acquiesçai quand elle me demanda de la couvrir. Je me concentrai, la suivant, mon Beretta en joue au moindre mouvement. Entre temps, j’avais tout de même eu le temps de mettre un silencieux. Le problème étant que ce petit accessoire diminuait la portée du tir, ainsi, si quelqu’un déboulait, je n’étais pas certain que ma balle atteigne sa cible.

Soudainement, Kanon se retourna vers moi. Apparemment l’objet était censé se trouver ici ? Grand bien lui fasse, j’avais fait une partie du travail, à elle de s’occuper du reste. Pourtant, alors qu’elle commençait à creuser, elle se retourna une fois encore. J’avais beau bien aimer son visage, j’aurais préféré qu’elle continue à bosser. Pourtant… Elle me demandait de l’aider. J’avais beau ne pas vouloir et avoir toutes les raisons du monde de lui faire comprendre que ça ne marchait pas comme ça, j’avais une promesse à honorer. J’aurais pu lui dire qu’elle avait besoin d’être couverte mais non… je me contentais alors de prendre la seconde pelle accroché à mon sac à dos et commença à pelleter.

« C’est bien parce que c’est toi… »

Oui et surtout parce que du coup, on pourrait sortir ensemble boire un verre. Je tachais alors de faire le moins de bruit possible, levant la tête toutes les cinq minutes pour vérifier si présence il y avait bien avant de finalement buter contre quelque chose de dur. Haussant les épaules, je fixais Kanon qui s’était immobilisée également suite au bruit.

« Soit c’est une pierre mais ça m’étonnerait au vue du terrain… Soit c’est Jackpot. »

Je lui fis signe de s’arrêtter et plongea les mains dans le trou qui désormais était clairement imposant, on pourrait même enterrer notre cadavre là-dedans si on l’agrandissait quelque peu. Malheureusement, notre victime était loin d’être un nain… Je bougeais alors la terre faisant des arcs de cercle avec les mains avant de sortir une longue boite ronde sur les côtés.

« Bingo ! »

Une fois le tout déblayé, je fixais Kanon et esquissa un sourire.

« On se rentre alors ? On ira faire notre rapport demain ! Là… Il faut qu’on se trouve une tenue pour sortir ! Pas plus d’une heure dans la chambre hein ! »

Il était déjà tard, pas question de trop trainer à se pomponner…. Hors de question même ! J’avais un tas de choses à lui demander maintenant…

Allions nous ressentir cette sorte de fièvre qu’avaient les chercheurs d’ors de l’ouest des états unis à l’époque du far West ? Allions nous jouer à Battle Royale pour finalement s’entretuer pour cet objet à forte valeur monétaire ? Probablement pas… Je crois bien que l’un comme l’autre, nous n’étions pas vraiment passionné par cette mission plutôt tranquille. Cela dit, je fus surpris qu’elle me remercie, j’étais son coéquipier, c’était logique que je l’aide bien que je n’arrêtais pas de dire le contraire. Au moins, j’avais un prix de remerciement et bizarrement, plus le temps passait, moins je pensais qu’elle aurait refusé sans chantage. Je lui demandais alors de faire vite une fois que nous aurions atteint les locaux de l’ISS. La nuit risquait d’être courte si je devais la faire picoler histoire d’en savoir plus sur elle. Elle me promit alors d’être rapide avant de me demander ou devions nous nous rejoindre.

« On se retrouve devant le hall, vu que je prendrais moins de temps que toi, ça me laissera de quoi voler le badge d’un des gardiens de nuit. »

Au pire, on pourrait toujours faire le mur mais cette solution semblait la plus intéressante et la moins risquée. Nous marchâmes alors une fois encore, faisant le chemin inverse. Je restais tout de même en alerte au cas où les fameux voleurs avaient tentés un guet-apens. A part s’ils avaient trouvés notre voiture avant nous, je n’avais pas l’impression que l’on risquait grand-chose. Finalement Kanon dû se rendre à l’évidence, j’avais raison depuis le début ! J’esquissais un sourire en voyant qu’une fois encore, je lui avais démontré qu’elle était en tort et accepta de prendre le volant. Sur le coup, je pensa à vérifier si personne n’avait piégé la voiture mais je me dis que si ce tableau avait tant de valeurs, il n’y avait aucun intérêt de le détruire avec nous. Ainsi, je repris ma place au volant bien décidé à arriver le plus vite possible et à ne pas prendre la même route qu’à l’aller. Pourtant, ce ne fut pas moi qui demanda d’accélérer mais bien elle. En fait je me demandais si elle n’était pas encore plus intéressée que moi par cette sortie aux frontières de l’interdit.

En moins d’une demie heure, nous étions devant les locaux de l’ISS, je lui fit signe qu’elle pouvait y aller, hochant la tête quand elle me dit qu’elle ne serait pas en retard et partit également dans mon dortoir. Etrangement, mes camarades ne dormaient pas, pire ils n’étaient pas là. Probablement en mission et ça m’arrangeait grandement de ne pas à avoir à expliquer pourquoi j’allais me changer de la sorte. Je balançais alors mes affaires pleines de boues dans la salle de bain avant de prendre une douche rapide. A peine essuyée et totalement nu, je me dirigeais alors vers ma penderie. Je ne savais pas pourquoi mais ce soir, j’avais envie de l’impressionner alors je choisis un pantalon un peu large mais pas trop de couleur rouge avec des taches de pentures stylisés de toutes les couleurs ainsi qu’une sorte de débardeur comportant de très nombreux trous et me donnant un look un peu rock. Ce tee-shirt ou plutôt ce débardeur blanc avait un col en V ainsi que des sortes de griffures au niveau de mon pectoral gauche, faisant ressortir mes muscles ainsi que mes tatouages. J’enfilais alors une veste fine militaire et une paire de basket faisant penser à des Rangers et en profita pour relever mes cheveux, utilisant le gel de mes colocataires. J’avais vraiment l’air d’une Rock Star et cela me fit sourire. Maintenant et malgré les couleurs flashis que je portais, j’allais devoir récupérer quelque choses d’important.

Je décidais alors de descendre tranquillement voir le gardien, les mains dans les poches avant de lui expliquer que j’avais une petite faim et que j’aimerai avoir les clefs pour aller me chercher un sandwich dehors. Bien évidemment, il m’expliqua que ce n’était pas possible et que c’était écrit dans le règlement. Je fis mine de ne pas comprendre et quand celui-ci se baissa pour ouvrir un tiroir contenant probablement un exemplaire de ce fameux règlement, je récupérai discrètement son pass posé négligemment sur le bureau. Je lui expliquai que ce n’était pas la peine et que je me débrouillerai autrement avant de le saluer d’un signe de la main pour me rendre dans le hall.

J’avais quelques minutes d’attente. Je m’assis alors sur l’un des canapés avant de me retourner en entendant un bruit quelque peu différent. Etais-ce une personne chaussée de hauts talons ? Je n’avais pas l’habitude mais en tous les cas ça y ressemblait. Sans même me retourner lorsqu’elle arriva à ma hauteur, je levais le badge en l’air avant d’esquisser un sourire.

« Cinq minutes de retard, j’imagine qu’entre les deux tenues un peu classes que tu as, tu as avais l’embarras du choix. Moi en attendant, j’ai notre billet de sortie. »

Je me demandais bien ce que Kanon avait pu se mettre, la connaissant j’imaginais un jean un peu classe ainsi qu’un haut assortir. Ainsi, quand je me retournai, ma bouche s’ouvrit toute seule alors que mes yeux ressemblaient à ceux d’un merlan fris voir même…complétement cramé. Je baissais les yeux, observant ses talons, me demandant comment on pouvait bien pouvoir marcher avec ce genre de chaussure pour suivre les courbes de ses longues jambes qui me semblaient sans fin. Woaw… C’était super court comme robe. Je continuais à lever la tête avant de manquer de glisser en arrière en plongeant mon regard dans son décolleté. D’ailleurs à ce niveau-là, ce n’était même plus un décolleté mais un cratère. On voyait presque tout ! Je me rendais compte à cet instant précis que contrairement à ce que je pensais, elle était loin d’être un garçon manqué et était remarquablement bien fouttut.

C’est alors que je vis qu’elle ne semblait pas porter de soutient gorge ce qui me fit me poser une question presque existentielle. De ce que j’avais vu suite au fiasco en compagnie de Doll Army, les femmes aimaient assortir leur lingerie et que souvent, le soutient gorge allait de pair avec le bas. Si elle ne portait rien en haut, comment avait-elle fait pour l’assortir avec le bas ? Peut-être n’y avait-t ’il rien non plus ? Je me demandais si j’étais le premier homme à me poser ce genre de questions mais soudainement, j’avais très envie de le savoir. Soudainement, je jalousais les infâmes pervers qui eux avaient eu la réponse plusieurs années auparavant moyennant finance. Ola… je secouais la tête pour tenter d’oublier cette idée, ayant honte d’avoir ce genre de pensées.

« Et bien avec toi habillée comme ça, on aura même pas besoin de faire la queue pour entrer. »

C’était une sorte de compliment mais je ne pouvais pas vraiment en dire plus après toutes les méchancetés que je lui avait balancé tout à l’heure. Je ne comprenais pas pourquoi avoir opté pour une robe qui semblait la rendre bien plus sexy que si elle s’était présentée à moi entièrement nu. Tournant la tête pour ne plus la regarder et ravaler le filet de bave qui risquait de couler de mes lèvres d’ici cinq secondes, je passa le badge contre le lecteur et la porte arrière s’ouvrit. Notre voiture se trouvait non loin et je marchai devant en silence essayant de réfléchir et de comprendre. Une fois encore, je sentais mon jeans se serrer comme si mon corps réagissait d’une manière pour le moins étrange.

Je m’assis alors côté conducteur avant de la laisser prendre place à côté de moi. Une fois encore ; je démarrais en trombe avant de finalement tourner la tête vers elle. Un décolleté comme ça vu de côté…. OH MON DIEU !!!! C’était quoi ça ? Succube ! Tentatrice ! Sirène ! Aguicheuse ! Femme fatale ! Corruptrice ! Ensorceleuse ! Sorcière ! C’est…MAGNIFIQUE. Mes yeux ne pouvaient plus quitter cette vision infernale. Quand soudainement je sortis de ma torpeur ce fut suite au bruit appuyé d’un Klaxonne. J’étais carrément passé sur la mauvaise file. Quand je me rendis compte du fait que j’avais manqué de nous tuer, je me décidais alors à me focaliser sur la route, il ne fallait surtout pas que je la regarde de nouveau… Parce que si de face c’était fantastique…que dire du côté…

« Désolé, je crois que je me suis assoupis. »

Ben voyons… Avait-elle remarquée ce qui m’avait distrait ? Etais-ce fait exprès ? Peut-être était-elle suicidaire ? Parce que porter ce genre de tenue face à moi qui n’y connait rien, c’est dangereux… Très dangereux…