Sur mon acte de naissance, il est indiqué que je suis née il y a vingt six ans à Osaka. Mais qu'est ce qui est vrai ? Hormis le fait que je suis d'origine Japonaise et que j'ai un frère plus jeune que moi de deux ans … enfin que j'avais …
Je ne me rappels pas de mon enfance. Les bonnes sœurs qui nous ont accueilli nous ont simplement dit que nous avions six et quatre ans à notre arrivé, que je tenais fermement la main de mon frère dans la mienne et que je n'avais pas desserré mes lèvres pendant plusieurs mois. En d'autres termes, j'étais une enfant refermée qui ne faisait confiance à personne. C'est toujours le cas … je ne crois plus en l'être humain, mes expériences me l'ont confirmés.
Avec Rian, nous avons toujours vécu à l'orphelinat. Ne voulant pas être séparés, il est toujours plus difficile de placer deux enfants déjà grands. Cette situation fut dure pour Rian, car il voulait vraiment trouver des parents aimants qui prendraient soin de nous. Pour moi… ça m'arrangeait. Nous n'avions pas d’attache et pourrions fuir dès que j'aurais l'âge de m'occuper de lui. Mais tout ne marcha pas comme ça, encore une fois …

Les bonnes sœurs étaient des femmes d'une extrême gentillesse, mais également très strictes. Elles nous permirent d'avoir un toit sur la tête, une éducation et surtout de rester ensemble. Je me suis toujours montrée reconnaissante pour tout ce qu'elles nous avaient apporté. Encore maintenant il m'arrivait de passer les voir afin de les remercier. Même si je rêvais de m'enfuir, elles m'avaient tendus la main à chaque fois que j'en avais eu besoin. Elles nous avaient sauvé et permis de vivre une vie plutôt sereine. Nous avions été scolarisé dans une école public d'Osaka, où de bons professeurs nous prenaient en charge. Ayant une prédisposition pour les langues, elles me permirent même de prendre des cours de coréens et de chinois en plus de l'anglais obligatoire. En contre partie, je devais simplement les aider dans l'entretien de l'orphelinat. Je me sentais bien à cette époque, mais l'envie de fuir avec Rian était toujours présente. Notre lien à tout les deux se renforça encore plus. Nous étions jeunes, mais grandir sans parents fait sans doute mûrir plus vite.
Un soir, alors que nous étions restés un peu plus tard dehors après l'école, nous étions allez voir une représentation d'arts martiaux japonnais. Je savais que Rian avait toujours voulu apprendre les arts du corps à corps, mais les bonnes sœurs prônant la non violence avaient toujours refusé. C'est donc avec l'argent de mes cours de langue que j'avais pris pendant six ans, que je décidais d'abandonner mon apprentissage au profit de l'inscription de mon frère à ses cours de Ninjutsu et de Jiu-jitsu. Il avait une bonne capacité physique de base, ayant suivit des cours de sport pendants six ans, forgeant son mental. Il me poussa vers le kenjutsu, maniement du katana … que je n'ai jamais abandonné.

Nous vivions bien avec ce secret. Les bonnes sœurs nous pensaient en cours de coréen, de chinois ou en cours de sport, alors que nous apprenions les rudiments des arts martiaux japonnais. Je n'avais jamais ressenti une telle plénitude. Le jour où mon maître d'arme me mit mon premier katana entre les mains fut le jour du renouveau. Je me sentis entière, ce sabre était une continuité de moi. Mais ce jour fut aussi le plus sombre de tous.
En sortant de mon cours, mon frère ne m'attendait pas devant la salle. Impatiente, je courus jusqu'à l'orphelinat. Je voulais lui raconter cette sensation que j'avais ressentis, le sabre à la main. Mais je trouvai sa chambre vide. Je savais que quelque chose n'allait pas. Nous ne nous séparions pas, il m'attendait après le cours et nous rentions ensemble. Où était passé Rian ?
J'étais retournée à la salle de combat... il n'était nul part. La pluie était tombée fortement ce soir là et c'est complètement trempé que j'étais retournée à l'orphelinat, espérant le retrouver dans sa chambre une nouvelle fois. En voyant des gyrophares devant l'immeuble, mon cœur se comprima fortement dans ma poitrine, m’empêchant de respirer. J'avais traversé la rue sans prendre garde au voiture et était montée directement vers la salle commune où se trouvaient une sœur avec deux policiers. L'un d'eux tenait le sac de mon frère entre leurs mains. Je le leur ai arraché et une phrase claqua dans ma tête, cette phrase est toujours gravé dans ma tête.

''Nous avons été alerté par un appel anonyme. Votre frère aurait hurlé votre nom dans une ruelle mademoiselle, avant d'être attiré dans un fourgon noir, sans plaque d'immatriculation. Nous sommes désolés.''

Cette phrase atroce est restée en moi. Je m'en veux chaque jour un peu plus. Il avait hurler mon nom, j'aurais du être là pour le protéger. Mon frère a disparu ce soir là et la police a rapidement stoppé les recherches, expliquant qu'au bout de 72 heures, l'espoir de le retrouver vivant était quasi nul. Je sais qu'il est vivant, je le ressens. Je ne lâcherais jamais, je le retrouverais et ferais payer cette personne qui m'a volontairement arraché mon frère. Il avait douze ans, moi quatorze.

Cette histoire me poussa à accentuer mes cours de maniement des armes, voulant être l'une des meilleures pour lui. C'est à la sortie d'un de mes cours qu'un homme en costard vint à ma rencontre. Je venais de fêter mes dix sept ans. Il m'expliqua que j'avais été repéré pour intégrer une académie spécialisée. Il me donnait l'opportunité de fuir plus tôt du Japon et de commencer mes recherches afin de retrouver Rian. Il me donnait l'opportunité de changer de vie et ma vie d'espionne commença ainsi.

J'ai désormais vécu neuf ans dans l’académie, passant les paliers avec plus ou moins d'aisance. Mon envie de vengeance est toujours là et mes recherches avancent. J'aime ce que je fais et je me sens à l'aise ici. La suite de mon histoire est désormais à écrire.