Parfois, sans vraiment qu'on ne puisse l'expliquer, on a l'impression que le sort s'acharne sur nous. Comme si on était un aimant à problème et qu'on ne pouvait pas lutter contre. Cette impression, je l'ai ressenti dès la naissance et elle ne m'a jamais lâché. En général, je préfère enfouir mon passé au fond de moi et ne pas y penser, tant de choses me sont arrivées si jeune...J'ai même parfois l'impression d'avoir vécu plusieurs vies en même temps. Je me demande comment ça peut être possible de vivre tout ça, mais pourtant, c'est bien réel. C'est simplement ma vie.



Enfant, j'enviais beaucoup les autres qui avaient la chance de vivre avec leur parent. Malheureusement pour moi, ma mère est morte en couche et, bien que je n'y sois pour rien, au fond de moi, j'ai toujours eu l'impression d'avoir tué ma mère. D'ailleurs, mon père semblait aussi le penser, puisque lorsque j'avais 3ans, il m'a abandonné à la porte d'un orphelinat. Mais, contrairement à ce qu'on pourrait penser, je ne lui en veux pas, à sa place j'aurai peut-être réagi comme lui. Ensuite, je suis restée environ deux ans à l'orphelinat avant de me faire adopter. Dans ma nouvelle famille, au début on s'occupait très bien de moi, je me disais que j'avais beaucoup de chance d'être là, puis, mon nouveau père, qui avait une petite entreprise fit faillite quand j'avais huit ans. Probablement à cause de leur problème d'argent, celui que j'appelais alors « papa », se mit à me battre lorsqu'il avait trop bu. A lui non plus je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. J'encaissais donc les coups sans broncher. Après tout, j'étais une charge pour eux, je n'étais pas vraiment leur enfant. Ils finirent eux aussi par m'abandonner et me ramener dans mon ancien orphelinat. Ce bâtiment vétuste, situé dans un quartier défavorisé restera à jamais ma vraie maison. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours accepté mon sort sans me plaindre. Moi blasé ? Oui, surement un peu. Mais de toute façon, ça ne sert à rien de se débattre, puisque une fois que ça s'est produit, on ne peut plus rien faire, non ?


De retour dans l'orphelinat, je fus envoyé dans l'école de proximité, bien sûre, ce n'est pas le genre d'établissement dans lequel on rêve d'aller. Bien au contraire, pour certain, ce genre d'établissement pourrait s'apparenter à l'enfer. La fin de mon enfance s'est déroulé sans grand problème majeur, le plus compliqué est arrivé à l'adolescence. C'est une période compliquée pour tout le monde, mais pour certain, elle l'est encore plus. Mon collège n'accueillait que des enfants à problème comme moi... « Enfant à problème », j'ai toujours aimé cette expression, les adultes l'utilisent pour garder un semblant de politesse, alors qu'on sait très bien ce qu'ils pensent au fond d'eux. Ce que les autres pensent des gosses comme moi, je le sais très bien, j'ai subi ces regards lourds de sens qu'on nous lance quand une personne « normal », croise quelqu'un comme moi....Mais bref, ce n'est pas le sujet pour le moment.


Dans ce collège de paria, je fis de mauvaise rencontre...enfin, cela dépend du point de vue. Même si ces rencontres m'ont poussé à faire certaines choses, jugées mauvaises, je ne le regrette pas. Je ne serai surement pas là sans ça. Donc, dans cette école, j'ai rencontré d'autres personnes comme moi, j'avais l'impression, pour la première fois de ma vie, d'appartenir à un groupe. Et probablement parce que je suis un peu naïve, je me fis entraîner dans de drôle d'histoire par mes nouveaux camarades de classe. Pour ne pas être exclues, je faisais tout ce qu'on me disait sans même réfléchir et les imitait. Très vite, je n'allais plus en cours, suivant les autres qui allaient trainer dans les ruelles de la ville. Dans mon orphelinat, le peu de personnel était bien trop occupé à prendre soin des enfants en bas âge, pour s'inquiéter de ce qu'une gamine de douze pouvait bien faire. Personne ne se rendit compte que je n'allais pas en cours et que petit à petit je coulais, m'enfonçant de plus en plus et me débattant contre mes démons intérieurs.


Toujours pour faire comme les autres, je fis l'expérience de la drogue, j'avais treize ans. Certes, ça peut paraître très jeune pour découvrir ce genre de choses, mais, au japon ce n'est pas rare, surtout à Tokyo. Comme tout le monde le sait, Tokyo n'est pas seulement la capital du Japon, mais aussi la capital du crime. Tous les grands groupes de mafieux se trouve à Tokyo et, comment empêché une enfant perdue qui se cherche, comme moi, de tomber entre les mains de malfrat ? C'est impossible, bien sûre !

Donc, en un rien de temps, je me suis retrouvée droguée et j'avais tout juste 14 ans. Sous l'effet de la drogue, j'avais l'impression de pouvoir tout faire, que rien n'était impossible, je me sentais vivante alors que je me tuais à petit feux. Mais voilà, pour pouvoir continuer à me sentir vivante, il me fallait de l'argent, alors je me suis mise à voler. Mais, ce n'était toujours pas suffisant ! Il m'en fallait toujours plus. C'est pourquoi, lorsqu'un Yakuza me proposa de travailler pour lui, je ne pus refuser. J'avais quinze ans quand je suis devenue ce qu'on appelle communément une criminelle. Pour moi, ce n'était pas mal ce que je faisais, j'étais simplement moi.


Qu'ai-je fait pour être une criminelle ? Et bien, n'allant plus du tout en cours, je me suis mise à vendre de la drogue à d'autres jeunes en difficulté. Sans vraiment le vouloir, je les condamnais à la même vie que moi. Etant docile, je faisais tout ce que mon « boss » me disait, je fus même obligé de vendre mon corps quelque fois. Même quand j'ai été souillé par ces types, je ne me suis pas une seule fois apitoyé sur mon sort, je crois que je suis incapable de ressentir quoi que ce soit. Puis, après avoir défendu mon boss dans une bagarre, en tuant son ennemi, j'ai été promu au rang « d'assassin ». C'est comme ça que je me suis retrouvée à jouer les tueurs à gage. Bien sûre, mes capacités en tire ne sont pas arrivées comme par magie. J'ai toujours aimé les armes à feux depuis que je suis gamine et mon deuxième père avait toute une collection de carabine destiné à la chasse. Quand il n'était pas là, j'aimais bien aller jouer avec dans la forêt à côté de la maison. C'est comme ça que je suis devenue doué avec les armes à longues portées. Ces capacités firent de moi un membre important pour mon clan et j'étais récompensée avec des doses de dogues, qui augmentaient de plus en plus. J'étais une véritable Junky, qui gagnait ses doses en tuant d'autres personnes.

J'ai vraiment eu un début de vie plutôt mouvementé. Mais, je n'ai pas la même vision du temps que les autres. Pour une personne normale, un an, ce n'est pas grand-chose, alors que pour moi, un an, c'est très long. En un an, j'avais le temps de faire énormément de choses. Entre temps, je me suis même mise à la boxe thaï, le clan Yakuza dans lequel j'étais, organisait des combats illégaux et possédait une salle pour que leurs combattants puisse s'entraîner. Et, dès que j'avais le temps, je m'y rendais, c'est comme ça que j'ai appris à me défendre, bien que je ne sois pas très forte, je me débrouille plutôt bien.


Etant très occupé, je rentrais rarement à l'orphelinat, mais un jour, quand j'arrivais dans le bâtiment, une des gouvernantes m'attrapa et m'emmena dans le bureau de la directrice. Au début, j'ai cru qu'elle s'était finalement rendu compte de toutes les bêtises que j'avais faites et que j'allais salement me faire gronder. Mais non ! En rentrant dans le bureau, deux types en costume m'attendaient et sans vraiment comprendre ce qui se passait, je fus emmené dans une école spéciale. Je ne cherchai pas à me débattre. Je ne posai pas non plus de questions. J'attendais patiemment qu'on daigne m'expliquer ce qu'on me voulait. C'est ainsi que j'ai intégré ISS quand j'avais 17ans. Apparemment, ils m'avaient surveillé pendant un petit moment et voyant que j'avais de grandes capacités ils ont décidé de me faire intégrer l'école. Bien sûre, mon enseignement commença par une cure de désintox express. En moins d'un mois, j'étais totalement clean, la drogue ne m'attire plus du tout. ISS m'a sauvé ! Si j'étais restée dans la rue, j'aurais surement finis par mourir d'une overdose ou alors j'aurais été en prison. On m'a offert une nouvelle vie et je suis prête à tout pour remercier les personnes qui me l'ont offerte.

Voilà les grandes lignes de mon histoire. Depuis mon entrée à ISS, je suis devenue un agent modèle et je n'ai jamais raté aucune mission.