Je me rendais compte petit à petit que si mes compétences en combat n’avaient rien à envier à certains espions expérimentés, j’avais désormais de grosses lacunes en ce qui concernait les relations humaines et en particulier, avec les femmes. L’énorme bourde que nous avions commis en compagnie de Dolls Army m’avait mis la puce à l’oreille tout en créant chez moi, de multiples interrogation en ce qui concernait la gente féminine. Moi qui n’avais jamais été plus intéressé que cela par ces dames, préférant même les éviter pour ne pas risquer des soucis comme nous l’avait inculqué nos professeurs lors de ma formation, j’avais réagis étrangement lorsque celle-ci avait commencée à se dénuder. Heureusement, il n’y avait rien eu de plus, j’avais réussi à reprendre mes esprits mais j’avais eu l’impression à un certain moment que je risquais de me laisser aller et c’est cela qui me dérangeait. Si elle avait été une mafieuse ou autre, je serais probablement mort. Cette faiblesse soudaine était une nouvelle épine que je comptais bien enlever bien que je ne voyais pas vraiment comment.

Lorsque que quelque chose me perturbait, je préférais parfois le laisser dans un coin de ma tête pour me consacrer intégralement à ma mission principale : Faire de mon corps une arme imparable pour rapidement gravir les échelons et accéder aux différents dossiers pouvant me permettre de retrouver une trace du meurtrier de mes parents. Le temps pressait, cela faisait pile vingt ans aujourd’hui, je ne voulais pas que cet homme meure naturellement, je devais le faire souffrir, l’humilier, le détruire et l’obliger à me supplier d’en finir, de lui adresser le coup ultime...

La vengeance avait toujours guidée mon existence et pour tenter d’oublier les différents soucis que j’avais eu, j’attrapais mon katana. En théorie, nous n’étions pas censés nous balader dans les couloirs avec des armes mais vous savez… Les règles et moi… C’est plutôt la guerre. J’avais obtenu ce sabre lors d’une mission, elle avait plusieurs centaines d’années d’histoire. A ce moment précis j’avais pensé qu’il valait mieux la garder pour moi plutôt que de la laisser accroché au mur d’un homme que je ne tarderais pas à tuer. J’enfilai alors une tenue de sport après une bonne douche et pris la direction du dojo emportant avec moi une serviette.

Il devait être aux alentours de minuit, les couloirs étaient totalement déserts. Il était triste que ce ne soit pas toujours le cas. Je détestais le bruit, les paroles inutiles et tout ce qui avait un rapport avec les gens en général. Seul le silence, le bruit de l’acier défiant l’air provoquaient en moi des frissons, une sorte de jouissance que je n’avais jamais retrouvé ailleurs. Déballant alors mon arme, je posais la serviette, ôta mes chaussures et commença à faire quelques mouvements l’arme à la main, dans le but de m’étirer afin d’éviter ensuite tout soucis musculaire.

Durant une dizaine, je me contentais de lever mon sabre pour l’abaisser d’un coup rapide, répétant ce mouvement une bonne centaine de fois quand soudainement, une jeune femme à l’allure quelque peu étrange se présenta face à moi. Elle portait un jean plutôt serré, des chaussures pas spécialement recommandés pour l’entrainement et un pull qui n’avait aucun intérêt si vraiment elle était décidée à utiliser le dojo pour s’améliorer. Autre détail… un verre, à l’odeur que je percevais, il s’agissait d’alcool, probablement une sorte de Whisky ou quelque chose dans ce genre-là. Il y avait donc un gros soucis… Je n’avais pas mémoire que l’alcool était spécialement autorisé dans les lieux dédié à la formation d’autant que lorsque je croisa son regard l’espace d’une seconde, je compris que je n’avais pas affaire à une élève.

J’eu à peine le temps de baisser mon arme pour la saluer qu’elle m’attrapa le bras, le tordant, me faisant tomber d’un seul coup tandis qu’elle avait récupéré mon arme. Impressionnant… très impressionnant. Je n’étais pas un élève mauvais dans le maniement du katana et elle m’avait clairement fait passer pour un novice. Intérieurement, je rageais, j’aurais pu la massacrer des dizaines de fois mais malheureusement ce n’était que des pensées… Elle m’avait totalement immobilisé et en un temps records.

C’est alors qu’elle s’adressa à moi, m’appelant par mon pseudonyme, me tutoyant avant de me poser une question qui ressemblait plus à un ordre qu’à autre chose. Pourtant… Je n’étais pas le bon petit soldat de service et si je ne pouvais rivaliser avec elle l’arme à la main… Autant utiliser une autre stratégie.

« Alors comme ça, ils engagent des surveillants à l’ISS ? Etre pion à quarante ans, ça doit pas être génial comme situation. »

Oui je sais que j’ai quelque peu exagéré sur son âge… Mais bon. La fixant alors d’un regard noir, j’esquissais un sourire, reprenant d'un air narquois.

« Je suis occupé, si vous vous cherchez un ami pour faire la causette, allez donc voir ailleurs si j’y suis. »

Je n’avais pas l’habitude d’obéir aux ordres et encore moins ceux d’une inconnue aussi douée soit-elle dans le maniement des armes…

Cette femme était étrange, elle ne ressemblait pas vraiment aux chefs de service que j’avais l’habitude de croiser habituellement. Il y avait quelque chose dans son regard qui me faisait penser qu’elle avait déjà tué à de nombreuses reprises. Je n’avais pas affaire à une bureaucrate mais à un espion très habitué au terrain. J’avais déjà accomplis des missions avec des camarades de grades supérieurs mais aucun d’entre eux ne m’avaient fait une telle impression. C’était comme si je me retrouvais face à quelqu’un contre lequel je ne pouvais rien faire et cela, pour la toute première fois de ma vie.

Bien évidemment, je ne comptais pas la laisser faire. Si ma force physique ne suffisait pas, je pouvais toujours utiliser les moqueries. Oh, pas dans le but de la blesser, un espion aussi expérimenté ne s'embarrasse pas de remarques dictés par la colère. Non… C’était bien plus fin que cela. Je voulais lui montrer que même si elle m’était supérieure, je n’accepterais jamais de lui faire de courbettes ou même de lui obéir. Elle l’avait surement compris, son expression n’avait même pas changé lorsque j’avais parlé de son âge, elle était resté la même, comme si mes remarques l’amusaient plus qu’autre chose. Je n’aimais pas ce genre de personnes, ils étaient incapables de perdre leur calme et cela me dérangeait réellement car on ne pouvait jamais vraiment savoir de quoi ils étaient réellement capables.

La jeune femme sembla soudainement très intéressée par mon arme comme si elle avait rapidement remarqué qu’il était important pour moi. Mon sabre était comme le prolongement de ma main, un frère jumeau qui accepte de vous rendre service sans jamais se plaindre. La lame de celui-ci était parfaite, aiguisée chaque jour avec minutie. La jeune femme se contenta alors de complimenter l’objet. Elle avait le sens de l’observation, il n’y avait rien à voir entre ce Katana et ceux de l’établissement. Je haussais les épaules l’air de dire : « Tu en as mis du temps pour le remarquer » tandis qu’elle commença à me parler du règlement dont, pour être sincère, je n’avais jamais lu la moindre ligne, préférant m’entrainer plutôt que de perdre du temps avec des phrases ridicules et sans intérêt.

Rapidement, elle sembla comprendre que cet objet provenait surement d’une scène de crime voir d’une mission et qu’il m’avait tout sauf été donné. Finalement, après une petite pause, elle lâcha son verdict. Confisqué ? Pfff. Si cela l’amusait, elle ne me connaissait pas. J’irais le récupérer peut importe où elle le cachait que ce soit ce soir ou dans un avenir plus lointain. J’avais l’impression qu’elle me sous-estimait et c’était quelque chose de positif, qu’elle continue si cela l’amusait. Je la regardais alors faire tourner mon arme tandis que je me relevais doucement, ne la lâchant pas du regard.

« Comme si j’avais lu le règlement… M’enfin, vous faites ce que vous voulez. Tiens d’ailleurs, pourquoi ne pas écrire un rapport à PRINCESS ? Ainsi vous pourriez remplir à la lettre votre mission et peut être même recevoir un chocolat. Ah mince… ce serait compliqué d’écrire quelque chose à quelqu’un qui n’existe que dans l’imaginaire collectif.»

Toucher à PRINCESS c’était comme insulter Dieu, personne ne se le permettait et surtout pas à un plus haut gradé. Je savais que je touchais à quelque chose de dangereux mais pourtant, cela ne me faisait pas peur. On ne me prenait pas mon sabre comme cela. Décidé, je m’avançai vers elle pour la fixer droit dans les yeux.

« C’est étrange… On ne vous voit jamais en mission et ce pullover bien trop large n’a que pour seul but de cacher les quelques kilos en trop que vous avez pris depuis que l’on vous a mis derrière un bureau. »

Une provocation… Une autre. Je commençais à en avoir l’habitude. Peut-être allait-elle les balayer comme les précédentes mais n’oublions pas que j’avais osé blasphémer en public, peut être étais-ce également interdit par le règlement ?

J’ai ? C’est bien ce qu’elle avait dit en parlant de ma nomination non ? Etait-elle aussi gradée pour cela pour fréquenter ainsi les cercles du pouvoir ? Me faisait-elle marcher ou bien avais-je devant les yeux la dénommée PRINCESS en personne ? Je ne pouvais pas en être certain mais je ne devais pas perdre cette possibilité de vue. Il y avait quelque chose d’effrayant en elle, un je ne sais quoi qui m’empêchait d’être moi-même. Pourquoi perdais-je mon temps avec des bavardages ridicules plutôt que de me jeter sur elle tel un chien fou, en me fichant des blessures que je pourrais recevoir. Peut-être était-ce le fait qu’au fond de moi, je savais qu’elle avait un niveau dont j’étais très loin et qu’un seul de ces mouvements pourraient m’immobiliser voir me rendre handicapé. Me tuer ? Non, je ne voyais pas l’ISS faire ce genre de choses. Ils auraient très bien pu le faire en m’envoyant en mission suicide sans même avoir la moindre goutte de sang sur leurs mains.

La jeune femme avait évoqué le fait que j’avais été sélectionné à cause de ma prétendue force. A mes yeux, ce n’était pas vraiment le motif principal. J’avais 100% de réussite c’était uniquement parce qu’ils n’avaient pas le choix qu’ils m’avaient fait passer au grade supérieur. Ma force n’était rien comparée à ma volonté sans faille. Je préférai alors ne pas lui répondre, lui laissant dire ce dont elle avait envie. Pourtant, alors que j’avais déjà utilisé différentes techniques dont le blasphème envers PRINCESS, je décidais de recommencer à lui balancer une remarque non sans préparer quelque chose.

Comme je m’y attendais, la jeune femme éclata de rire, se permettant de me juger et de faire différentes remarques sur le but de mes missions. J’esquissai un sourire avant de lui envoyer un violent coup de genoux dans le ventre. A ma grande surprise, mon corps ne s’enfonça pas. La surface du corps de la jeune femme s’était durcit. Ainsi elle avait pu carrer mon coup simplement avec ses abdos ? C’était plus qu’impressionnant, c’était carrément du délire. Pourtant, même si mon coup ne lui avait surement rien fait, je venais de frapper une haut gradée chose inimaginable. Pourtant, je n’avais pas vraiment l’air de quelqu’un cherchant à s’excuser, je la fixai alors avant d’essayer de lui faire une balayette. Une fois encore, sa jambe ne bougea pas, le liquide contenue dans son verre non plus. Elle avait accusé le coup comme si il s’agissait d’une simple tape amicale. Cette fois, c’était certain, je n’avais aucune chance face à elle. Pourtant, je la fixais toujours, de la haine voir même de l’incompréhension se lisait dans mon regard. Je pointa alors mon doigt dans sa direction.

« Sachez que je n’aime pas parler et que j’ai simplement tenté de vous déconcentrer mais je me rend compte que vous n’avez pas besoin de l’être pour accusé ainsi mes coups. N’y voyez rien de personnel mais peu importe qui vous êtes, peu importe si vous décidez des grades, que vous soyez la patronne de l’agence, la secrétaire ou bien PRINCESS elle-même, sachez que jamais je ne baisserai les yeux face à vous et jamais non plus, je n’accepterai vos règlements et vos mœurs. Je suis ce que j’ai décidé d’être et je ne deviendrais pas un bon petit soldat comme mes camarades. »

Elle avait pu lire dans mon regard toute ma détermination, tout mon agacement, ma colère mais également mon incapacité à agir face à elle. Pourtant, l’instant d’après, je la vis prendre une chaise, me demandant ce qu’il s’était passé avec Doll Army et en particulier parlant du fait de s’amuser et de vivre ma vie avec une autre espionne. Etait-elle complètement folle ? Personne ne pouvait être au courant de ce qui c’était passé et je ne voyais pas ma collègue annoncer à quelqu’un ce qu’elle avait fait. Peut-être que finalement… J’étais bel et bien en face de PRINCESS mais cela ne m’effrayait pas vraiment. En réalité j’étais profondément agacé qu’elle s’imagine que j’avais fait cela sciemment. Je la fixai de nouveau d’un regard noir avant de me mettre debout face à elle.

« Allez-vous faire voir, jamais je n’aurais pris le temps de m’amuser lors d’une ronde. J’ai simplement dut faire de mon mieux pour vérifier que la jeune femme qui se trouvait à ma table était bien ma partenaire. Les femmes ne m’attirent pas, je ne suis pas comme ça, elle a également cru que j’étais un membre de la mafia c’est pourquoi elle s’est déshabillée. Lorsque j’ai compris mon erreur, j’ai tout fait arrêter ! Je vous interdis de vous amuser de cette situation ! je n’avais jamais vu de ma femme nu par le passé et j’ai peut-être péché par méconnaissance mais jamais je n’ai pensé à autre chose qu’à ma mission. »

Ma fierté un peu trop imposante venait de me pousser à lui dire plusieurs choses que j’aurais préféré garder pour moi comme mon inexpérience ou de ce que j’avais ressenti lorsque j’avais utilisé le mot « péché ». Ma colère l’avait emporté et finalement je lui avait dit ce qu’elle avait voulu savoir alors que je pensais simplement lui montrer qu’elle avait tort…

Cette fille commençait cruellement à m’agacer. Je ne comprenais pas son attitude et surtout, ce côté imperturbable qui semblait être sa qualité première. Je venais tout de même de tenter de lui envoyer un coup de genoux dans l’estomac puis avait essayé de lui faire une balayette, ce n’était pas rien non plus… Mais non, rien… Comme si elle avait l’impression que je ne représentais pas la moindre menace. Pire, cette situation semblait même l’amuser. Je n’avais jamais rencontré quelqu’un de sa trempe au sein de l’ISS. Je n’avais jamais eu spécialement de respect pour mes supérieurs directs, ne voyant pas une grande différence physique entre eux et moi. Face à elle, j’avais l’impression de n’être qu’un petit poussin, incapable de me défendre face à l’aigle royal planant au-dessus de moi. Cette visions m’effrayait mais elle me donnait surtout envie de me dépasser pour atteindre un jour pareil niveau.

Pourtant, je ne pouvais me laisser faire, elle était certes un modèle et avait mon respect ce n’était pas une raison pour jouer les bons petits soldats, je n’étais pas comme ça et elle avait du le comprendre. Pourtant, elle ne me fit pas la moindre remontrance sur mon comportement quelque peu violent mais plutôt sur le fait que je ne savais pas garder mon calme en toute situation ce qui n’était pas bon pour ma carrière. Elle était drôle elle… Qui m’avait mis à terre sans raison ? Qui m’avait confisqué mon sabre ? Et elle voulait que je fasse comme si de rien n’était ??? Elle avait une case en moins ou quoi ? Je haussais les épaules tachant de me détendre quelque peu… le calme avant la tempête.

« En mission je n’ai pas le genre de soucis que j’ai actuellement avec vous… »

Vous comprendrez à travers cet aveux d’impuissance : personne qui ne se rapproche d’un pareil niveau. Pourtant, elle me questionna sur probablement la réelle raison de sa venue : Ma ronde en compagnie de Dolls Army et en particulier, le fait que je m’étais sois disant amusé et d’autres choses dans ce genre-là. Alors que je m’étais calmé, je m’emportai de nouveau avec une certaine violence. Elle se fichait vraiment de moi là ! Sans même le vouloir, je commençai à tout lui raconter afin de me justifier avant de m’en rendre compte qu’en voulant me taire je lui avais donné les informations qu’elle m’avait demandé. Pourtant, pour la remière fois, elle me fit un sourire assez surprenant, j’avais l’impression que celui-ci exprimait de la bienveillance, on était loin des moqueries de tout à l’heure.

Moi ? Innocent ? Mignon ? Elle se moquait de moi ou quoi ? Je devais avoir la death list la plus importante des élèves expérimentés et elle me trouvait innocent et mignon ? Je la regardai avec un drôle d’air, cherchant à déterminer si elle n’était pas encore en train de se moquer de moi. Pourtant, je ne pouvais lui donner raison, ainsi, je préférais déplacer la faute afin de me blanchir totalement.

« Ce n’est pas mignon… J’ai perdu le contrôle de moi-même quand elle a enlevé son soutient gorge… j’avais l’impression d’avoir été drogué… Pourquoi on n’a pas appris comment se protéger de ça en cours ? C’est plutôt de votre faute à vous si notre enseignement n’est pas complet. »

Pourtant, la demoiselle semblait désormais inquiète, elle me demanda alors pourquoi je réagissais ainsi depuis tout à l’heure. Plus facile ? D’obéir ? je crois qu’elle ne me comprenais vraiment pas. Avais-je vraiment envie de le lui expliquer ? Pas spécialement non… Si quelqu’un m’avait fait du mal ici ? Non… Elle n’avait pas tort… Mais je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. Je repris mon calme et parla plus doucement.

« Ce n’est pas l’ISS qui m’a fait du mal, je ne déteste pas l’organisation mais le monde entier. Je ne veux pas ressembler aux autres, je ne veux pas gravir les échelons juste pour le pouvoir, l’argent ou la renommée…Je veux juste la vérité… C’est pour ça que je suis ici et pour aucune autre raison. Je ne joue pas les rebelles, je n’arrive juste pas à me fondre dans la masse… »

Je n’avais pas l’habitude de parler avec le cœur comme je venais de le faire mais j’avais l’impression que je pouvais lui faire confiance. Ainsi, je la fixa droit dans les yeux et lui parla avec un ton extrêmement sérieux.

« Qui êtes-vous ? »

Je posais cette question mais au fond de moi…Je le savais… PRINCESS existait donc bel et bien…

Rhaaaaaaa mais c’était qui cette fille bon sang ? Plus j’avançais et moins je comprenais. Au départ j’avais l’impression qu’elle était venue ici pour me donner une leçon puis pour me faire la morale et désormais, je ne comprenais pas vraiment son petit jeu. Voulait-elle réellement m’aider ? Avait-elle une sorte de compassion à mon égard ? Je n’en avais pas la moindre idée. Pourtant, lorsque je lui parlai de mon histoire de fille nu, de drogue et d’incapacité à comprendre ce qui m’était arrivé, elle me regarda avec plus d’attention. Bon, elle n’avait pas des yeux de merlans fris mais ce n’était pas loin. On aurait dit qu’elle venait de voir un extraterrestre ou d’entendre quelque chose d’illogique. Je fronçais alors les sourcilles avant de la fixer droit dans les yeux.

« Pourquoi vous me regardez comme ça ? J’ai dit quelque chose de stupide ou quoi ? C’est vraiment un problème… Je n’arrive pas à comprendre et je ne veux pas avoir ce genre de soucis en mission. J’ai un taux de réussite de 100%, hors de question de baisser de niveau ou d’échouer. »

J’avais dit cela avec un ton de défi, je voulais savoir, je voulais comprendre et si cette femme se taisait c’était forcément pour une raison spécifique. Y avait-il une phéromone, une particule chimique ou un parfum étrange sur le corps des femmes qui pouvait pousser un homme à fauter ? Etais-ce naturel ou Dolls Army l’avait ajouté suite à sa mission ? Encore une réponse que l’on ne pourrait pas me donner et je ne me voyais pas demander à ma collègue vu la haine que je peux lire dans son regard depuis cet accident.

L’inconnu se leva alors, posa mon Katana et me posa la main sur l’épaule. Une fois encore je fronçais les sourcilles. Qu’est-ce qu’elle faisait exactement ? Je ne comprenais pas bien. Etais-ce pour tenter de me mettre en confiance ? De me rassurer ? Nos yeux se fixaient l’un l’autre avec intensité. Pourtant, je paru surpris quand elle me parla de bonheur, d’être heureux voir même d’une certaine simplicité. Je lui fis alors non de la tête et lui répondit calmement.

« La vérité c’est que je veux me venger, j’aurais le temps d’être heureux plus tard. »

Au moins, elle avait sa réponse, c’était clair et net et cela lui prouvait une certaine volonté que je pouvais avoir et qui ne m’avais jamais lâchée. Pourtant, lorsqu’elle frotta mon bras, je ressentit un tressaillement. C’était étrange, cela ressemblait à ce que j’avais ressenti au tout départ lorsque Dolls Army avait débuté sa danse nuptiale. Je ne savais pas si je devais m’en inquiéter ou non mais je retirai mon bras d’un geste brusque. Pourtant, ses paroles se voulaient surement réconfortantes mais étrangement, je ne pouvais pas y adhérer. Parce que j’avais souffert, je devais protéger les autres ? Je ne voyais pas le rapport, chacun avait sa propre croix à porter, chacun sa douleur et sa tristesse. J’avais l’impression qu’elle parlait de choses qu’elle ne comprenait pas. Après tout, moi-même été incapable de la comprendre, d’ailleurs je n’avais jamais vraiment cherché à comprendre quelqu’un avant ce soir. Quand elle me demanda alors si je voulais que les autres vivent la même chose que moi, je haussais les épaules, je ne comprenais pas ses paroles.

« Mais je suis un meurtrier, vous l’êtes surement aussi. Nous sommes ici pour vivre comme des ombres, vivant ensemble avec un règlement stupide pour ne pas côtoyer les autres. Comment voulez-vous que je puisse comprendre ce que vous me dites. Je ne sais rien du monde extérieur, je ne connais ni la pitié ni le regret. Je m’entraine, je fais mes missions, je tue si c’est nécessaire et je rentre me coucher. C’est une vie qui me plait mais sincèrement, je me fiche de ce qui peut arriver aux autres. C’est peut être méchant ou tout ce que vous voulez mais je n’ai pas grandis comme ça. Chacun vie sa vie, chacun à ses choix à faire, chacun doit continuer peu importe son passé. »

Une fois encore, je lui montrais toute l’incompréhension que me valait ses propos. Je repensai alors à la main qu’elle avait posée… C’était étrange… D’autant que c’était une vieille… Pourtant, sa discussion commençait à m’agacer. Je ne comprenais pas et cela me perturbait. J’avais déjà d’autres problèmes à régler avant de définir ma vision du bonheur avec elle…

Je commençais vraiment à me demander ce qu’elle voulait réellement étant donné qu’elle ne me répondait plus ou alors que partiellement. Parfois elle me disait quelques mots, d’autres fois elle me laissait terminer mes phrases se contentant simplement de me fixer étrangement. Je me demandais de plus en plus si cette femme cherchait à me faire parler, à en savoir plus pour moi pour savoir comment discuter avec moi. Ce n’est pas que je me sentais mal à l’aise mais disons simplement que je me demandais ou elle voulait en venir d’autant que je n’étais pas habitué à discuter de ce genre de choses comme pouvait l’être le bonheur et d’autres choses dans le même genre.

J’essayais de lui expliquer ma façon de voir les choses, balayant les généralités qu’elle me balançait depuis tout à l’heure. J’avais entendu ces discours des tas de fois de la part de nos instructeurs et je m’étais toujours dit qu’ils n’y connaissaient pas grand-chose ou qu’alors, ils avaient trop cru ce qu’on leur avait inculqué plus jeune, au point d’en oublier leurs soucis. Je ne savais pas trop quoi répondre alors je parlai avec mon cœur, essayant de lui expliquer ma façon de voir les choses. Elle resta interdite et se contenta de me répondre que je devais faire attention à ne pas faire le mauvais choix. Je hochais la tête alors et esquissais un sourire.

« Je sais ce que je fais, ne vous inquiétez pas. »

Oh que oui, elle pouvait s’inquiéter mais bon, il fallait tenter de lui faire croire le contraire. Heureusement pour elle, pour l’instant, je me contentais de faire mes missions en restant calme. Pourtant, ce n’était pas ça qui semblait plus l’inquiéter étant donné qu’elle me demanda de venir ici. Je la fixais assez surpris lorsqu’elle me prit le bras pour me poser sur une chaise avant de s’assoir par terre en tailleurs face à moi. Mais qu’est-ce qu’elle voulait encore ? Je la regardais alors, fronçant les sourcilles quand elle me dit de ne pas le prendre mal. Qu’est-ce qu’elle allait encore me dire cette fois ? Quand elle parla je cru que j’allais tomber dans les pommes. Comment on faisait les bébés ? Non mais elle était vraiment sérieuse là ? Heureusement que je savais… Puis c’était quoi son histoire de cigogne là. Je pris alors une longue, une très longue respiration tandis que je rougissais à vu d’œil pour me décider à lui répondre.

« Oui je sais comment on fait les bébés… Mais jusqu’à maintenant je pensais que l’on faisait ça dans le seul but de procréer. Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi j’ai réagis comme ça face à Dolls Army parce que je veux le combattre pour ne plus jamais me retrouver dans ce genre de situation. Donc je ne vois pas vraiment le rapport entre mon problème et le fait de faire des bébés… »

Si ce n’est pas mignon, franchement ! Bon au fond de moi, je pensais lui avoir bien cloué le bec même si à mon avis c’est plutôt elle qui risquait d’halluciner. Je la voyais battre des mains comme les cigognes et j’avais envie de lui envoyer mon genou en pleine face. Pourtant, je me calmai l’espace d’un instant avant de la fixer de nouveau.

« Sans vouloir vous blesser… Pourquoi est-ce que j’ai ressenti cela avec Doll Army et que je ne ressent pas la même chose pour vous à cet instant ? Parce que après la mission, j’avais envie de me rapprocher d’elle et vous…Ben pas vraiment. »

Bon si il y avait bien un truc que je n’avais vraiment mais alors vraiment pas compris c’est que les deux n’étaient pas mais alors pas du tout habillées de la même façon… Bref… Tout ça c’est compliqué…

Etais-je en train de parler de nudité avec probablement l’une des principales responsables de l’agence ? Apparemment oui… Si ça me gênait ? Oui beaucoup ! Disons que j’avais envie de parler de tour sauf de ça. Bon… Le souci c’est que je ne voyais pas à qui en parler mis à part à elle, étant donné qu’elle avait lancé la conversation à ce propos. Pourtant, lorsqu’elle m’expliqua que si j’avais ressenti cela c’est parce que Dolly Army était nu et pas elle. Par contre je plissais les yeux lorsqu’elle parla du fait que si elle se présentait de la même manière face à moi, je ressentirais exactement la même chose. Elle ? Avec son pull trop large et son allène qui pue l’alcool ? Sincèrement, je ne voulais pas vraiment lui dire qu’elle avait surement tort mais… Après tout… Je pouvais bien lui dire ce que j’avais sur le cœur… Vu le niveau de la conversation j’en était plus à ça près.

« Euh… Je ne pense pas… J’ai beau retourner cette histoire des dizaines de fois par minute dans ma tête, je suis certain que c’est à cause d’un parfum de synthèse et non autre chose… Une sorte de gaz chimique imperceptible. »

Je n’en démordais pas ! Elle pouvait bien me dire ce qu’elle voulait, je ne pensais pas que cela pouvait fonctionner avec n’importe qui ni sans raison autre qu’un ajout humain voir chimique. Pourtant, elle tenta de m’expliquer sa façon de voir les choses qui étaient peut être une possibilité voir une hypothèse intéressante mais la mienne se défendait également. Donc si j’écoutais attentivement ce qu’elle disait, on pouvait faire des bébés sans avoir l’intention d’en faire ? Sincèrement, je veux bien avoir des difficultés pour comprendre mais alors là, je ne vois vraiment pas l’intérêt.

Alors sois disant, on ne pouvait pas lutter contre cela ? Les femmes pouvaient s’en servir comme des armes ? Je me souviens pourtant que notre professeur disait qu’à chaque problème, il y avait une solution et là, cette femme me disait qu’il n’y en avait pas ? C’était illogique et contraire à la façon de penser de tout agent. L’excitation je ne la ressentais qu’en mission, je ne voyais pas ce qu’une femme pouvait m’apporter de plus amusant qu’une bonne soirée à trucider du vilain mafieux. Tout était illogique. Plus elle parlait, moins je comprenais.

« Il y a toujours une façon de se protéger contre nos ennemis. Je ne comprends pas… Ce que vous dites… Désolé mais ça n’a absolument aucun sens… »

Pourtant, elle voulait savoir ce que j’avais ressenti, si j’avais eu peur, si j’avais déjà ressenti ce genre de choses. Je tentais de réfléchir à ce qu’elle me disait ou plutôt à ses remarques. Je ne savais pas trop quoi penser…Vraiment j’étais perdu…

« Au début j’ai eu peur mais après… C’était bizarre, je me sentais serré et puis après je ne pouvais contrôler mes gestes. C’était bizarre… Vraiment bizarre… »

Voilà… Au moins... Je lui avais répondu avec sincérité… Elle ne pouvait pas me le reprocher…

Je ne savais toujours pas l’identité de cette femme étrange… PRINCESS aurait-elle du temps à perdre pour m’expliquer les choses de sa vie tandis que la mafia pullule dans les rues ? Finalement, peut être que ce n’était pas elle. Très probablement d’ailleurs… Mais quelque chose me disait que la possibilité n’était pas non plus égale à zéro. Je savais qu’il était relativement compliqué pour moi de résister à des tentatives de séductions comme elle me l’avait expliqué juste avant mais j’étais certain qu’il devait y avoir un moyen. Il y a toujours un moyen.

Quand elle reprit la parole, je compris finalement qu’il y en avait effectivement un mais qu’il semblait réservé à une élite. Du moins à ceux qu’elle avait appelé : « ceux d’une certaine expérience. » Pour moi, il semblait que les carottes étaient cuites selon elle. Débutant ? C’est probable ! Mais qu’elle ne me sous-estime pas, j’ai toujours combattu mes faiblesses grâce à un entrainement intensif. Malheureusement… J’avais beau réfléchir, je ne voyais pas vraiment qui accepterait de m’aider ? Dolls Army ? Si j’avais envie de mourir, lui demander serait une bonne idée. Kanon ? Nous n’avions pas du tout ce genre de relation et je voulais que nous soyons amis tous les deux, rien de plus. Alors qui ? J’avais beau chercher…je ne voyais pas. A moins que… Elle ? Non…Oublions tout de suite c’est probablement mieux.

Je la fixais alors avant de me rendre compte qu’elle était loin d’être vilaine, elle avait plutôt un joli regard et une silhouette surement menue au vue de l’entrainement qu’elle avait subi par le passé. Non mais à quoi j’étais en train de penser moi… Il fallait que je trouve quelqu’un d’autre, je ne voulais pas faire ce genre de demande à un supérieur qui pourrait être PRINCESS, sinon je risque de rester intermédiaire toute ma vie. Pourtant… Je poussai un soupir avant de la regarder droit dans les yeux.

« Je dois apprendre à me contrôler ! Je veux réussir mes missions, monter en grade et découvrir la vérité. Je ne veux pas échouer à cause de ça, je dois apprendre ! »

Oui ces paroles demeuraient assez étranges quand on savait de quoi j’étais en train de parler mais je voyais cela comme les cours que j’avais eu par le passé. Par exemple, j’étais très mauvais en conduite mais à force de m’entrainer sur des parkings de supermarché, j’étais devenu un vrai pilote. Seul l’entrainement paye, on se fiche de son niveau à la base. Rien ne peut battre la volonté.

Apparemment, elle voulut me prouver ces dires en me demandant de m’assoir pour penser à tout un tas de choses. Je l’avais regardé passer sa main dans ses cheveux, j’avais trouvé ça très classe. Ola… Qu’est-ce que je racontais encore moi… Je commence à délirer. Pourtant, alors que je fermais les yeux, je tentai d’essayer de me concentrer. Ce n’était pas vraiment simple d’ailleurs, je pensa tout d’abord à Dolls Army avant de me rappeler que ce n’était pas possible étant donné qu’elle me détestait. Je cherchai quelqu’un d’autre à imaginer… Rien… Je poussai un soupir.

« La seule chose à laquelle je suis capable de penser c’est à une très jolie jeune fille, on est effectivement seul mais pas dans ma chambre. On est dans un dojo et elle n’a rien enlevé et me demande d’imaginer des choses que je suis incapable d’imaginer… »

Pardon ? Venais-je de considérer mon instructeur comme une très jolie jeune fille sachant ce que j’avais dit juste avant ? Je m’en rendais compte après avoir terminé ma phrase et je me sentais étrange, c’était comme si soudainement… Non oubliez ça…

Il était étrange de se dire qu’un type comme moi, sans cœur, sans véritable raison ni sentiments puisse avoir tant de soucis dans un domaine que j’ai passé ma vie à éviter. Je ne savais pas quoi répondre, pas quoi faire ni quoi imaginer. Je venais d’avoir ma première expérience, si l’on pouvait l’appeler comme ça étant donné qu’il ne s’était pas passé grand-chose. J’avais vu des choses, en avait ressenti d’autres et désormais je me retrouvais à essayer de trouver un moyen de combattre ces étranges sentiments ou plutôt… cette incapacité que j’avais eu à agir alors que j’aurais pu être en danger si il avait s’agis d’une assassin.

Je tentais d’imaginer mais rien ne me venait, je n’avais jamais eu ce genre de pensées par le passé. Je ne savais pas vraiment quoi penser ni à quoi tout cela devait ressembler. J’étais complétement perdu et j’avais tout sauf envie de penser à Doll Army non pas qu’elle était moche mais plutôt parce que je voulais éviter de croiser son regard de nouveau. Cette fille avait une sacrée réputation et je n’oserais même pas jouer contre elle à moins que je ne veuille être sujet à tout un tas de rumeurs de sa part et me faire virer de l’ISS pour quelque chose que je n’aurais pas fait.

Je tentais alors d’expliquer à la jeune femme en face de moi mon soucis, j’avais alors repris sa phrase en la plaçant dedans, allant même jusqu’à l’appeler « une jolie jeune fille. » Pourtant, elle me fit une réponse des plus étranges. L’imaginer elle ? Ma phrase n’avait que pour but de lui expliquer que je ne pouvais imaginer car j’étais dans un dojo rien d’autre… Elle voulait réellement que je l’imagine ? Qu’est ce qu’elle me racontait ? Le faire pour de vrai ? je n’avais jamais eu ce genre de pensées… Etait-elle narcissique ? Je ne savais pas vraiment mais vu la tête que je tirais, elle pouvait aisément comprendre que je ne voyais pas du tout ce qui l’avait amené à penser ça…

Je préférai me taire, ne répondant rien à sa phrase. Apparemment, elle ne semblait pas lâcher l’affaire, au moins elle essayait de m’aider… Je tressaillis alors en sentant ses mains sur mes cuisses tandis qu’elle me fermait les yeux avec les paumes de ses mains tout en me caressant les cheveux. Au début tout semblait à peu près normal jusqu’à ce qu’elle ne me demande de l’imaginer complétement nu, me déshabillant tout en m’embrassant. J’avais envie de lui dire qu’il y avait un gros problème dans tout ça mais elle essayait de m’aider… C’était déjà gentil de sa part.

Je sentit ma veste quitter mon buste tandis qu’elle me parla de m’allonger sur le sol pour lui faire tout ce dont j’avais envie. Mais que pouvais-je faire ? Que devais-je faire ? Je ne savais même pas ce que j’avais envie de lui faire… Je poussai un soupir complétement dépité…

« Je ne sais pas ce qu’est embrasser une fille… je ne sais pas ce que je peux faire quand on est allongé alors je me sens complétement perdu… Je sais juste que j’ai apprécié que vous me touchiez les cheveux et…Là ou vous avez mis vos mains… Mais c’est très diffèrent de ce que j’ai ressenti avec Doll Army. En, fait je crois que c’est votre douceur que j’ai apprécié… J’ai pas vraiment l’habitude. Avec ma collègue c’était…Autre chose. »

Je me pris alors la tête dans mes mains, me demandant vraiment comment j’avais fait pour ne pas découvrir avant ce point faible chez moi. Il y avait certes une solution, j’étais complétement fou mais sans réfléchir ni la regarder je marmonnais.

« Si j’accepte de respecter toutes les règles de l’ISS….Vous m’aideriez ? »

De quoi parlais-je très exactement ? Je n’en avais pas la moindre idée, je savais juste que j’avais apprécié cet instant. Etais-ce parce que pour la première fois, quelqu’un semblait s’interesser à mon existence ? Oui… C’était ça…

Avais-je été trop loin cette fois-ci ? Probablement… Pourtant, ce n’était pas spécialement recherché ni intentionnel. Quant au fait que c’était voulu et calculé, n’allez même pas vous l’imaginer. Je ne savais pas vraiment pourquoi j’avais dit cette phrase ni ce que je voulais concrètement lorsque je lui avais demandé de m’aider. Que voulais-je réellement ? Même moi j’étais incapable de le dire. Etais-ce réellement coucher avec elle comme elle venait de le dire ? Non, ce n’était pas mon intention première. Il est vrai que j’avais dit cela un peu comme si je lui avais fait du chantage mais en réalité je ne savais pas vraiment ce que je pouvais lui proposer d’autre. Je m’étais sentit acculé et sans aucun moyen de discussion. Je savais que j’aurais dû essayer de lui parler, d’utiliser mon cœur et de ne pas cacher derrière ce masque de froideur mais je ne savais pas non plus comment faire. Pour la première fois de mon existence, j’étais complétement perdu… Pourtant, je ne pouvais lui laisser penser cela. Je n’avais aucune idée de ce que je lui avais demandé et il est vrai que c’était compliqué que d’être capable de résister à tout ceci.

« Je ne sais pas… Laissez tombé, ce n’est pas ce que je voulais dire. »

J’avais envie de défendre mon cas comme je l’avais avec Doll Army mais j’en étais bien incapable. Je ne trouvais aucun de mes mots, je ne savais pas quoi faire ni dire ni même définir l’aide que je lui demandais. Voulais-je réellement aller aussi loin avec une inconnue ? Probablement pas… Pourtant… J’allais continuer à réfléchir quand soudainement elle se leva attrapant son verre et mon sabre. Elle abandonnait. J’avais été trop loin, incapable de mesurer la portée de mes mots. Elle tenta de m’expliquer que je devais cesser de me prendre la tête avec ça. Pourtant, lorsque l’on ouvre la boite de Pandore, on ne peut plus reculer, c’était comme ça que je voulais lui répondre. Pourtant, cette fois, je ne voulais pas me fâcher, l’insulter ou la traiter de lâche. Je la regardais seulement se lever et quand elle me tourna le dos, je baissai la tête, incapable de lui répondre. Pourtant, soudainement, mon corps se mit à réagir de lui-même et je lui attrapai la main pour la retenir.

« Attendez… »

Je ne voulais pas qu’elle parte et je ne savais pas pourquoi cela. Je me sentais bien avec elle, c’était certes un gradé mais je ressentais en moi quelque chose d’étrange, une sensation contraire à toutes celles ressentit jusque-là. Alors qu’elle se retournait, je la fixai de nouveau dans les yeux, le regard triste.

« Ce n’est pas ce que je voulais dire… Je suis désolé… »

Moi ? M’excuser ? Oui c’était bel et bien le cas pourtant je rebaissais de nouveau la tête ne sachant pas quoi lui dire d’autre. Pourtant, sans même m’en apercevoir, je fis un pas vers elle. Nous étions tout proche désormais, comme lorsqu’elle m’avait attaqué précédemment. Je lâchais alors sa main comme pour la laisser partir mais une fois encore mon corps repris le contrôle et lorsque je m’en aperçus, je la tenais dans mes bras.

« Merci…de vous soucier de moi… »

Je ne savais pas pourquoi j’avais fait cela ni les raisons qui m’avait poussé à un tel rapprochement. J’avais repoussé Doll Army quand j’avais compris qu’elle n’était pas ici pour me montrer son absence de micro et pourtant, je ne voulais pas laisser partir cette mystérieuse femme. C’était étrange et je ne savais pas vraiment ou j’en étais. J’avais juste envie d’être avec elle… Comme si soudainement, je n’avais plus envie de la décevoir… Je savais que ce n’était pas convenable… c’était bien la seule chose que je savais.

Je ne savais pas vraiment quoi penser de tout cela. Si d’abord j’avais souhaité qu’elle fiche rapidement le camp, je ressentais le contraire aujourd’hui et même… après tout cela ne faisait que quelques minutes que nous nous connaissions mais dès le premier regard, je l’avais prise au sérieux. Pourtant, malgré ses tentatives pour m’aider en ce qui concernait mon problème relationnel, rien n’avait fonctionné. Je me demandais du coup si je n’étais pas un cas désespéré. Pourtant, j’avais vraiment envie d’aller de l’avant, de vivre comme elle me l’avait dit mais je savais tout cela impossible.

Soudainement, la jeune inconnue ne semblait plus être la guerrière invulnérable du début, non, elle était différente. Mes liens avec elle, avaient changés, j’avais réagis d’une façon peu normale lorsqu’elle m’avait repoussée, j’avais même été jusqu’à lui faire des excuses, chose qui n’était pas arrivé depuis… Oh… Je ne saurais le dire à vrais dire. En tous les cas, la douceur dont elle avait fait preuve ainsi que son intérêt pour moi m’avaient touchés. Je ne saurais dire pourquoi ni comment mais désormais, j’avais envie qu’elle reste, toute la nuit à m’engueuler si elle le désirait.

Ainsi, sans vraiment le vouloir, je m’étais rapproché d’elle, l’avais prise dans mes bras avant de la remercier pour ce qu’elle avait fait. Ce n’était pas vraiment quelque chose de voulu ni de recherché, je voulais vraiment la remercier. Le peu de temps que je passai ainsi me fit du bien, j’aimais sentir sa chaleur, sa douceur pourtant, le réveil fut violent. J’entendis quelque chose tomber au sol. Le temps que je comprenne ce qui venait de se passer, j’étais à terre, la respiration complétement bloquée. Je venais de me prendre le fourreau de mon katana en pleine gorge. Je ne comprenais plus rien mais j’entendis les mots qu’elle prononça…. Ne jamais la prendre dans mes bras… Elle avait dit ça avec tant de violence dans la voix que je compris qu’elle n’avait pas fait cela pour rigoler.

Elle répéta encore une fois sa phrase, me l’interdisant à jamais avant de me demander si je n’avais pas trop mal. Venais-je de voir le côté obscur de cette femme pourtant si douce ? Sa dernière remarque sur ma douleur en était témoin. C’était comme ci elle se souciait désormais de moi d’un seul coup. Elle ne s’excusait pas. Pourtant, je ne lui en voulait pas vraiment. Je pouvais comprendre sa réaction même si je n’en connaissais pas les causes. Reprenant mon souffle, je déclara doucement.

« Vous m’avez dit… Qu’en vouloir au monde nous conduisait à devenir un meurtrier… Que c’est parce que l’on souffrait qu’on devait aider les autres à ne pas finir comme nous… Vous parliez en connaissance de cause n’est-ce pas ? »

Je me relevais doucement, imaginant la marque rouge que je devais avoir au niveau de la jugulaire et la fixa droit dans les yeux ans toutefois oser poser ma main sur son épaule.

« Je ne voulais pas vous faire du mal, j’ai envie de vous protéger peu importe si vous êtes bien plus forte que moi, peu importe si vous être capable de le faire par vous-même et peu importe si vous ne le voulez pas. Vous avez été la première à me tendre la main… »

Je la fixais de nouveau et lui tendis la main.

« Vous êtes comme moi, c’est pour ça que vous êtes venu ce soir n’est-ce pas ? Derrière votre certitude et tout le reste, vous avez un passé qui vous ronge… Je n’ai pas besoin de le deviner, je le sais, je l’ai lu dans votre regard. Vous n’avez pas de véritable ami… Vous vous méfier de tout le monde sans jamais le montrer… Alors… Laissez-moi être votre ami, que vous soyez un gradé, un pion ou quand bien même PRINCESS en personne. »

Je gardais ma main tendu, c’était une proposition étrange mais je m’étais jeté à l’eau. Je risquais un autre coup de sabre, c’était possible mais je ne comptais pas la laisser tomber car elle avait été la première à tenter de m’aider à aller mieux… Je ne comprenais pas mes réactions, je me sentais bizarre mais je voulais la protéger, l’aider à aller mieux pour qu’enfin, elle accepte que je la prenne dans mes bras. Peu importe le temps qu’il faudrait, je n’étais pas du genre à lâcher l’affaire.

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de ma famille, juste quelques flashs qui me reviennent parfois, des mots, des idées, des souvenirs mais toujours avec ce flou. J’ai beau faire de mon mieux, je n’arrive plus à me souvenir du visage de mes parents. Je me maudis chaque jours d’avoir une mémoire si défaillante et pourtant, je ne peux rien faire. Je n’ai aucune photo ni même de nom. Kwon hei No… Tout ça ce n’est pas moi, c’est ma mère adoptive qui m’a surnommée ainsi. C’est probablement parce que je l’ai oublié que je préfère que l’on m’appelle « Purple Haze ». Un surnom que je me suis créé comme la personne que je suis, un homme dénué de tous sentiments, je n’ai rien et c’est ça qui fait ma force. Je n’ai tellement plus rien à perdre que je vis ma vie comme j’en ai envie. Je ne tente aucun rapprochement, je veux être parfait et pourtant… Je m’aperçois aujourd’hui que j’ai basé ma vie sur une hypothèse…

Plus le temps passe et plus j’ai l’impression que la personne en face de moi doit être PRINCESS. On peut construire un mythe mais on ne peut pas obliger celle que l’on glorifie à vivre de la manière si parfaite, d’incarner la perfection sans que le passé ne revienne à la surface. Pourtant, je venais de lui dire que je voulais la protéger chose qui ne lui plaisait pas. Comment une personne comme moi, si peu gradé et remplis d’imperfections pouvait donc l’aider. Elle était contre et cela se voyait. Avait-elle donc si peur de se confronter au monde réel ?

« Vous protéger de vous-même… On ne réagis pas comme ça sans raison… Rassurez-vous, je ne vous en demanderais pas la raison. Chacun porte sa croix. »

J’avais beau être nul en relation sociale, je savais qu’elle n’était pas censée réagir ainsi. Ne m’avait-elle pas demandé de fantasmer sur elle avec un sourire ? On ne repousse pas quelqu’un qui cherche à vous montrer que vous êtes important pour lui. Il y avait autre chose et je ne voulais pas savoir la raison, je voulais simplement lui montrer qu’à deux, on est plus fort. C’était étrange de ma part car jamais je n’avais ressenti le besoin de me rapprocher de quelqu’un. Pourtant, elle tenta de m’expliquer qu’elle avait obtenu une sorte de guérison et que désormais son passé était derrière à elle. Je haussais alors les épaules avant de lui dire calmement.

« Et vous réagissez comme ça ? Vous n’êtes pas en paix avec vous-même. Pourtant vous essayez de le montrer au travers de vos remontrances. Vous avez forgé un monde idéal au sein de cette école parce que vous n’êtes pas heureuse. Vous voulez donner un meilleur avenir à vos élèves que celui que vous avez obtenu. C’est cela que je comprends….PRINCESS… »

C’était elle, j’en était désormais certain. J’avais eu tort de parler d’elle comme d’un mythe mais finalement, j’avais raison d’une certaine manière. Personne ne pouvait être aussi parfait. Je l’aurais bien cru avant de me prendre un coup de sabre dans la jugulaire… Pourtant, je lui tendis la main, lui proposant de devenir mon ami. Elle ôta alors son pull et me le tendis. C’était une réponse quelque peu étrange. Pourtant, cette fois, je la vis en débardeur et étrangement cela changeait beaucoup de choses. Finalement, elle n’avait aucun kilo en trop…. J’oserais même dire qu’elle était mieux faite que Dolls Army. Mais chut, ne lui répétez pas ! Ni à l’une ni à l’autre, je vous fais confiance. Pourtant je me rendais compte qu’elle n’était pas prête à faire ce genre de choses. Elle avait peur et je le lisais dans son regard pour une seule et unique raison : J’avais exactement le même…

« Et alors ? Je ne vous propose pas d’être mon ami pour passer du temps avec vous. A-t-on besoin de se voir tous les jours pour être amis ? Je n’ai pas envie que l’on me tende la main par pitié. Vous le faites parce que vous savez ce que je ressens et c’est pour cela que je ressens quelque chose. Comme je vous l’ai dit, chacun porte sa croix, mes instructeurs vivent dans un autre monde, ils n’ont aucune idée de ce que peut être la mort, la douleur, la tristesse et la vengeance… »

Je la fixais avant de poser son pull sur une chaise. Je la fixais de nouveau dans les yeux avant d’esquisser un nouveau sourire.

« Effectivement… Que ce soit vous ou Dolls Army….Je crois que ça aurait été la même chose. »

Je savais que je risquais un nouveau coup de sabre mais étrangement cette femme me semblait être la plus désirable que je n’ai jamais rencontré. Etais-ce parce qu’elle avait tenté de m’aider ? Probablement…. Oui… Je voulais à cet instant simplement être proche d’elle.