Living the sweet life~

La coréenne est née dans une famille aisée, trop aisée, mais pas pour les bonnes raisons. Son père était une figure importante du crime organisé en Corée. L’ISS enquêtait probablement sur lui, mais Joo Hee n’a pas encore accès aux dossiers, puisqu’elle n’est qu’une débutante et qu’ils ne lui font sûrement pas assez confiance. La demoiselle n’a pas connu sa mère biologique, elle est morte quand la petite avait deux ans. Inutile de s’inquiéter cependant, son père a pris à cœur de lui trouver une belle figure maternelle! Au moins une nouvelle par semaine, minimum! C’était un papa dévoué quand même. L’enfant ne souffrit pourtant pas trop, pas dans le sens d’être malheureuse, cela dit. Parce que oui, après, son modèle de relation amoureuse est plus que foiré. Mais côté moral, Joo Hee était très heureuse, son père l’adorait et l’enfant était tout pour lui. Elle avait un grand frère aussi et était très proche de lui aussi. À la maison, elle était une petite princesse! Toujours en grosses robes, avec des couronnes et accessoires de toutes sortes, il n’y avait pas un caprice qu’on ne lui cédait pas. Son père ne collectionnait pas que les femmes, mais aussi les voitures. La coréenne a donc vite appris tout de ces petites bêtes et surtout comment les aimer, les adorer, leur vouer un culte. L’odeur d’une voiture neuve, le crissement des pneus, sentir l’adrénaline monter avec l’aiguille qui parcourt le cadran… Elle adore depuis toujours! Son père trouvait assez drôle de voir sa petite princesse s’extasier devant les nouvelles voitures. Elle en avait même quelques-unes à elle. Bien entendu, elle ne pouvait pas les conduire, pas maintenant, elle devait attendre d’avoir le bon âge. Par bon âge, on n’entend pas ici l’âge légal, il s’en foutait lui quand même! Non, il fallait que ses jambes soient assez grandes pour atteindre les pédales et qu’elle arrive à voir plus haut que le tableau de bord.

Avant cela, elle s’asseyait sur ses genoux et tournait le volant, alors que lui s’occupait des pédales. Ils ne faisaient ça que sur leur terrain privé et à très basse vitesse, son père ne voulait quand même pas qu’ils se tuent, mais si ça faisait plaisir à sa petite princesse! Joo Hee et son frère ne quittaient presque jamais leur paternel, il considérait qu’ils étaient plus en sécurité ainsi. Ça et il préférait qu’ils apprennent au plus tôt les ficelles du métier! Après tout, ce serait eux qui le remplaceraient plus tard. Il les voyait bien, un beau duo de frère et sœur qui font régner la terreur. L’homme en avait presque la larme à l’œil en y pensant. Sa fille ne savait pas trop si elle voulait faire ça, mais bon, tant qu’elle pourrait être avec son frère et son père… Elle aurait fait n’importe quoi. Joo Hee ne connaissait qu’eux, ne vivait qu’avec eux. Eux et les employés de son père. La petite en aimait quelques-uns, oui, mais ce n’était pas la même chose. La coréenne faisait l’école à la maison, son père ne voulait pas mêler sa petite princesse au reste des gens. C’était ce qu’il lui disait, mais en fait, c’était plus facile de la tenir dans sa petite bulle comme ça. Dans son monde, Joo Hee ne savait pas que ce que son père faisait était mal, sa perception des choses était faussée et décalée sur celle de la société normale. Tout le monde devait lui obéir, faire tous ses caprices et on peut bien tuer ceux qui ne font pas bien leur boulot. Les gens sont remplaçables, sauf son père et son frère.

Elle grandit donc comme ça, dans sa petite vie parfaite. Elle était une reine, on lui apprenait à agir comme tel et comment commettre toutes sortes de crimes. On lui disait quels gens éviter, quels gens doivent mourir et lesquels sont de parfaits idiots avec lesquels on peut jouer. Évidemment, les forces de l’ordre faisaient surtout partie de la dernière équipe. Joo Hee savait donc tout ce qu’il y avait à savoir sur le crime organisé et elle faisait la fierté de son père. La coréenne ne ressentait pas le besoin de sortir de ce monde, elle y avait assez d’attentions.

Reality is a bitch. So she is.

La petite reine se retrouva cependant dernière de sa lignée royale, un malheureux matin de septembre. Enfin, une nuit. Il était environ 2h30 du matin quand un clan adverse s’attaqua à la maison familiale. C’était tout à fait inattendu, dans le sens que la famille Im avait eu les mauvaises informations et s’était fait avertir d’une attaque qui viendrait le lendemain. Bien entendu, la mauvaise information avait été choisie avec choix par le clan qui les attaquait justement. L’attaque n’était qu’une petite vengeance tout à fait sans raisons selon Joo Hee, qui avait alors quinze ans et demi, son père n’avait que fait tuer les meilleurs amis (ainsi que leur famille) du chef du gang. Il ne s’était pas attaqué à sa famille! C’était la prochaine étape, c’est vrai, mais seulement s’il ne retirait pas ses sales pattes du territoire des Im! Joo Hee réussit à se cacher, suivant à contre cœur les ordres de son père, et survécu ainsi au terrible drame qui se déroula sous ses yeux. Voir des gens mourir, elle en avait l’habitude. Mais, voir son frère et son père, les deux seules personnes irremplaçables en ce monde, se faire tuer… Ça avait été insupportable. Encore aujourd’hui, elle se demande pourquoi ses membres ont refusés de bouger quand elle avait voulue sortir de sa cachette, en furie, pour essayer d’en tuer le plus possible jusqu’à ce qu’elle ne meurt elle aussi. C’est probablement parce qu’elle vouait une obéissance aveugle à son père et une fois morte… elle ne pourrait pas le venger. Le carnage dura un long moment qu’elle n’aurait su quantifier. Joo Hee fut touchée par deux balles perdues, sa cachette était solide, mais ça avait tout de même traversé. Elle en porte encore les deux petites cicatrices à l’épaule. Une fois qu’ils eurent tué tout le monde, ils mirent de l’essence partout et laissèrent soin aux flammes de tout nettoyer derrière eux. La subtilité n’était pas de mise. Le clan voulait passer un message et ils se fichaient bien que la police ne sache que c’était eux, ils n’auraient pas de preuves. C’était ce qu’ils croyaient en quittant les lieux que déjà les flammes pourléchaient avec gourmandise.

L’adolescente sortit finalement de sa cachette, elle tenta de fuir. Seules l’adrénaline et son instinct de survie la guidant, puisqu’autrement, elle n’était plus là du tout. La fumée était dense toutefois, le feu dévorait l’immense maison à une vitesse étonnante. Joo Hee se coucha pour ramper, les flammes brillaient dans le sang. La vision qu’elle avait était simplement horrifiante, impossible à supporter, mais elle tenta tout de même de s’en sortir. Rendue à mi-chemin, elle fut assommée par une poutre en feu et perdit connaissance.

Lorsqu’elle se réveilla, elle était à l’hôpital. Un nouvel environnement qu’elle ne connaissait pas, son père avait toujours fait venir les médecins à son chevet, elle n’avait jamais été gravement malade alors… Joo Hee avait peur, elle ne savait pas où elle était, mais se rappelait de pourquoi. Sa gorge se noua au souvenir de cette nuit et son cœur se rompit. Elle était en état de choc. Une gentille infirmière l’invita à se calmer et lui dit que tout allait bien. Ce n’était cependant pas assez, elle était trop agitée, on lui donna un calmant. Lorsqu’elle s’éveilla de nouveau, deux agents de police étaient à son chevet cette fois. Ils avaient des questions à lui poser. La coréenne ne dit rien d’abord et les regarda de haut. Son père lui avait toujours dit que les policiers étaient des idiots manipulables. Elle réfléchit un instant, puis consentit à collaborer, en échange d’une protection. Joo Hee leur raconta toute l’histoire sur le clan adverse, comment ils avaient fait irruption chez eux, comment ils avaient tués tout le monde, puis mit le feu en riant… La coréenne resta muette sur les activités de sa propre famille cependant, mais elle divulgua volontiers toutes les informations qu’elle avait sur le clan adverse. Évidemment, elle en savait beaucoup et vous comprenez qu’elle ne donna pas toutes ces informations en un jour. Elle prit bien son temps et prit soin de tirer avantage de la situation, comme son père lui avait appris à le faire. Entre temps, elle sortit de l’hôpital, on lui donna un autre nom qu’elle trouvait moche. On changea sa coupe de cheveux, leur couleur aussi. Elle était toujours entourée d’agents de police qui s’assuraient de sa sécurité. Ils ne l’aimaient pas et c’était réciproque, ayant toujours vécu en princesse, elle en avait beaucoup des caprices! Et ils n’en faisaient pas la moitié! Sa vie était vraiment merdique. Joo Hee se sentait maintenant seule au monde, mais elle ne le montrait pas. Elle jouait les petites garces au maximum, pour les embêter autant qu’elle souffrait. Elle était trop jeune pour conduire encore, selon eux, donc elle trouvait le moyen d’échapper à leur vigilance et allait faire des courses de rue avec d’autres jeunes. C’était plutôt difficile sans voiture… c’est pourquoi elle en vola une, pour sa première course. Après, elle en gagna une meilleure qu’elle entreposa dans un garage qu’elle payait avec l’argent gagné lors de courses.

Joo Hee n’avait pas accès à son héritage avant d’avoir ses 21 ans et cela l’énervait énormément, mais elle faisait avec. Elle n’avait pas le choix. En attendant, elle pouvait bien piquer un peu d’argent au pauvre garde du corps novice! On l’envoya à l’école aussi. Ce fut un drôle de choc pour elle. Les enseignants non plus ne lui obéissaient pas au doigt et à l’œil, ils ne savaient pas qui elle était! L’adolescente bouillait de rage. Comme elle était jolie et autoritaire, elle sut se faire une place parmi les gens populaires. Elle avait ses petites suiveuses sans cervelles, flirtait un peu ici et là, mais ne perdait pas son objectif de vue. Un jour, ceux qui avaient tué sa famille paieraient. Même si en attendant, elle devait se mêler aux gens ordinaires et se faire oublier. Ils pouvaient bien croupir en prison, la maudire, l’oublier, croire qu’elle s’était affaiblie en dévoilant ainsi tout à la police… cela ne ferait que rendre leur surprise plus délectable. S’ils savaient qu’ils ne devaient pas se fier à cette idée, qu’elle les retrouverait et leur ferait bouffer jusqu’à leur dernier morceau de chair et bien, ils pouvaient se rendre fou à craindre le pire, jamais ils ne sauraient ce qu’elle leur réserve. Pire encore.

Joo Hee dû donc vivre avec un nom ridicule, une coupe de cheveux moche et des gens stupides. Le tout, toute seule. C’est comme ça aussi qu’elle dû apprendre à se débrouiller. Surtout après le procès. Bon, elle avait été bien jolie, bien bonne dans son rôle de témoin clé et tout, mais… voilà, ils étaient derrière les barreaux et la police n’en avait plus grand-chose à faire d’elle. Quoique non, ils gardaient un œil sur elle, tel que stipulé dans leur accord, mais aussi pour s’assurer qu’elle ne reprenait pas l’affaire familiale. Joo Hee le devinait bien, mais qu’il la surveille autant qu’ils le veulent, ils ne verraient jamais que ce qu’elle voulait bien leur montrer. C’était ce qu’elle croyait, elle pensait que ses petites courses restaient secrètes aussi! Elle faisait bien erreur sur ce détail particulier. Peu après son dix-septième anniversaire, elle fut approchée par l’agence ISS. La coréenne hésita, comment pourrait-elle vraiment passer d’héritière d’une famille du crime organisé à le combattre! Oui, elle s’était montrée sage au courant de la dernière année et demi, mais quand même. Joo y réfléchit longuement et y vit quelques avantages qui pourraient lui servir. C’était sûrement une manière pour eux de la surveiller aussi… mais peu importe, l’occasion était trop belle! Ses deux premières années furent l’enfer, pour les résumer de manière très courte. Joo Hee n’aimait pas se faire dire quoi faire, quand arrêter, quoi conduire… et elle ne s’entendait pas très bien avec les autres. Elle utilisait son vrai nom à l’ISS, aucune raison de se voiler la face, les gens le sauraient bien de toutes manières. Avant même d’y mettre les pieds, elle avait donc mauvaise réputation! C’est si charmant. La coréenne fit tout de même des efforts pour s’améliorer, par amour de la conduite et du pilotage, qu’elle découvrit avec l’agence. Elle ne se mêlait pas trop aux autres, au début. Puis lentement, elle s’adoucit un peu. Elle en avait marre d’être toute seule, sourire et complimenter les autres sans le penser marchaient plus pour sa cote de popularité que de leur faire remarquer que leur tenue date de 2008, quand on est en 2009. Même si elle semble plus sociable, Joo Hee est restée la même. Elle n’aime pas être contrariée et se vexe plutôt facilement. Quand elle parle de sa famille, elle invente de fausses histoires, ce n’est pas tout le monde qui sait qui elle est. Elle est fière de sa famille, ce n’est pas ça, mais dans ses histoires… son frère et son père n’ont pas une mort aussi vile.

Comme elle vient tout juste d’avoir 21 ans, son compte en banque lui a ouvert grand ses bras et elle a fait une grande fête avec tous ses «amis». Même si elle fait tous ces efforts pour être populaire et entourée, elle se sent seule. Tous ces gens sont remplaçables, puisqu’elle n’est réellement proche d’aucun. Ils se méfient sûrement tous autant d’elle qu’elle se méfie d’eux. Mais, Joo Hee s’éclate derrière le volant et s’endort le soir sur de charmantes idées de vengeance. Un jour, elle sera aussi heureuse qu’elle le mérite. Un jour, ces gens souffriront le calvaire pour ce qu’ils ont fait. Un jour…